En moins de 4 minutes et sans le moindre dialogue, ce court-métrage d’animation (cosigné David François, Rony Hotin, Jérémie Moreau, production Gobelins, l’école de l’image), réussit à créer une ambiance étonnante. Le titre original se traduirait plutôt par « Le gardien de phare » que par « Le phare » mais c’est un détail, car le personnage principal n’est pas visible d’emblée. Nous sommes dans un phare à l’ancienne, perdu en pleine mer, probablement sur un îlot rocheux pour signaler un danger aux navires qui passent par là. Dure vie que celle de gardien de phare (voir Tout seul la très belle BD de Chabouté), même si le mécanisme est en bon état comme cela semble ici le cas. De nuit, le signal lumineux est puissant et balaie toutes les directions. Aucune raison de s’inquiéter. Sauf que… peut-on prévoir les effets d’une mauvaise digestion sur un moustique ? Bien entendu, cette façon de présenter les choses n’est qu’une interprétation personnelle. Toujours est-il que l’imprévu (l’inimaginable), a forcément des conséquences.
Ce court-métrage bénéficie d’une animation d’excellente qualité. Les concepteurs se permettent même le luxe d’un début plutôt lent qui permet de s’imprégner de cette ambiance déjà particulière quand tout va bien. Le dessin élégant et les couleurs retiennent l’attention, l’alternance entre l’obscurité et la pleine lumière la renforcent. Quand l’imprévu surgit, les rebondissements et dangers divers s’enchainent, avec un joli suspense à la clé. On a même droit à un final qui pourrait bien avoir été inspiré par une scène marquante d’un film de Fellini. Originalité de l’inspiration, beauté des couleurs et des trajectoires, mais une fin à mon avis trop bien huilée par rapport à tous les imprévus apportés par la narration. Par contre, on imagine bien que ce film ait été remarqué. Il ferait une belle base de travail pour un projet de long-métrage soutenu par un studio d’animation.