Noir brillant
Cadre à l'Olympic Mutual Insurance, John Forbes est chargé de récupérer d'onéreux cadeaux achetés par l'un de ses assurés, Bill Smiley, avec de l'argent détourné à sa compagnie. Par le biais du...
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Cadre à l'Olympic Mutual Insurance, John Forbes est chargé de récupérer d'onéreux cadeaux achetés par l'un de ses assurés, Bill Smiley, avec de l'argent détourné à sa compagnie. Par le biais du détective privé J. B. "Mac" MacDonald, que sa société a mandaté pour mener l'enquête, il est mis sur la piste de Mona Stevens, la petite amie de Smiley, qui est en possession desdits cadeaux. Malgré l'insistance de Mac, qui confesse être tombé sous le charme de la jeune femme et souhaite poursuivre l'enquête afin de la revoir, Forbes décide de récupérer lui-même les biens.
Marié, père d'un jeune garçon et jouissant d'une situation professionnelle confortable, Forbes s'avoue néanmoins lassé du caractère routinier de son quotidien. Quand il rencontre Mona, il est à son tour séduit, et noue une brève relation avec la jolie blonde, mannequin dans un grand magasin de vêtements. Mais Mac, qui surveille la jeune femme, ne manque pas de l'apprendre... Aux mises en garde verbales du détective succède une correction particulièrement musclée. La tension monte d'un cran lorsque Mac informe Smiley, sur le point d'être libéré, de l'infidélité de sa compagne. À sa sortie de prison, l'escroc reçoit des mains du private investigator un pistolet, et l'adresse de l'assureur...
Davantage connu à Hollywood comme réalisateur de westerns de bonne facture, comme le sympathique La Rivière de nos amours (1955), l'excellent La Chevauchée des bannis (1959) et pas moins de six collaborations avec l'acteur Randolph Scott, André de Toth signe avec cette production de 1948 l'un de ses premiers long-métrages hollywoodiens, quelques années après avoir quitté sa Hongrie natale. Adapté d'un petit roman paru l'année précédente et signé Jay Dratler - un auteur davantage connu pour son travail de scénariste sur Laura d'Otto Preminger (1944) et Appelez Nord 777 d'Henry Hathaway (1948) - Pitfall s'avère un bel exemple de petit film noir bien ficelé, bien filmé et bien interprété.
D'un scénario relativement minimaliste, le réalisateur parvient à livrer une étude de caractères fine et poussée. Dick Powell incarne à merveille cet average American frustré par la monotonie de son existence, résolu à s'offrir une petite tranche de plaisir égoïste, et forcé par la tournure des événements à céder à la violence pour protéger son mode de vie. Comme souvent dans le cinéma hollywoodien, le personnage principal est en danger lorsqu'il s'éloigne des valeurs essentielles de l'American Way of Life - ici la famille et le travail, le thème de la religion n'étant pas abordé. L'enjeu, qui légitime l'usage de la violence, est donc de s'en rapprocher... Parfaite dans le rôle de Mona, la séduisante Lizabeth Scott se révèle se révèle quant à elle bien plus qu'une simple blonde fatale : sensible, généreuse et honnête, elle donne à son personnage une profondeur qu'on n'attendait pas forcément. L'armoire à glace Raymond Burr excelle en détective privé bonhomme au premier abord, et finalement inquiétant, presque psychopathe. Enfin Jane Wyatt, qui joue le rôle de Sue Forbes, est très juste dans son personnage d'épouse et mère de famille dévouée, compréhensive et protectrice.
Tourné en plein Los Angeles d'après-guerre, avec ses berlines rutilantes et son béton triomphant, et en arrière-plan la baie de Santa Monica encore préservée, Pitfall (le titre anglais, qui évoque une chute consécutive à un piège, une embûche, a pour une fois été conservé tel quel par les distributeurs français) offre un contraste saisissant entre ce décor lumineux et la noirceur des événements. Sans atteindre au génie des chefs-d'œuvre du genre, il est plus qu'une simple curiosité, presque un passage obligé pour un fan de films noirs.
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le 19 oct. 2017
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