Emprunter les petites routes de campagne laisse parfois présager des rencontres fortuites et de sympathique découverte pas toujours répertorié dans le guide du routard, surtout à l’époque des années 70. Cela dit les routes du sud des Etats-Unis sont devenues moins sûr, des gens disparaissent et ne sont jamais retrouvés. On les sait emprunter par des psychopathe notoire que l’on retrouve désormais dans tous les films d’horreur et fait divers depuis le début de la décennie. Ces contrées reculées si cher au registre littéraire du Southern Gothic sont également devenu le terrain de jeu préféré des rednecks sanguinaires, vous savez cette figure pittoresque issue du monde rural que l’on surnomme ainsi pour leur nuque écarlate brûlant sous le soleil ardent, on les qualifie plus généralement de « plouc », de « péquenaud » voir de « cutéreux » dans le domaine agricole, ce sont les grand oubliés du développement économique du pays, vivotant de combine douteuses, s’attaquant au brebis égarés loin du troupeau. Ce type de slasher constitue une forme de revanche pour cette frange de la population délaissé sur le bas-côté par la nouvelle vague du progrès, abandonnée par la civilisation.
Une bande d’amis traverse le pays et décide d’effectuer un détour par une route déserté depuis la construction de l’autoroute. Pas de bol, leur véhicule tombe en rade d’essence. En parfait gentleman, Woody seul homme d’un groupe constitués de filles se dévoue pour partir en quête de carburant. Il n’en reviendra jamais et sa contribution à ce classique de l’épouvante s’achèvera par des rires sardoniques de pantins farceurs et des assiettes volantes. Ne voyant pas revenir leur ami, les filles iront faire quelques ablutions dans la source d’eau chaude d’une oasis privé. L’occasion est trop belle pour le maître des lieux qui non content de se rincer l’oeil dans les buissons, va venir se présenter, et proposer de les remorquer. Sans compter, que c’est bon pour le tourisme tout ça. L’environnement inquiète un peu, il s’agit d’un de ces cabinets des curiosités que l’on croise parfois dans les coins paumés. L’attrape touriste par excellence qui vous oblige à faire une visite guidé et à faire mine de vous y intéresser pour ne pas froisser le commerçant qui vous déballe l’intégralité de ses anecdotes craignos (« alors pour vous la faire courte... »). On aimerai s’en soustraire, mais on ne peut pas, et on écoute d’une oreille attentive avec un sourire gêné. Néanmoins l’hôte a du bagou, on lui donnerait même le bon dieu sans confession s’il ne radotait pas autant à tout bout de champ. Quelque part, ce genre de rengaine reste figé dans le temps, un peu comme ces mannequins envahissant qui semble épier leurs moindres faits et gestes ce qui aura le don de mettre tout le monde mal à l’aise. Il est déjà trop tard pour faire machine arrière, le piège se referme, les visiteuses vont désormais intégrer le musée de cire et faire partie de la famille.
Parmi les série B cruellement mésestimés, en voilà une qui mériterai de figurer parmi vos films de chevet favoris pour Halloween, d’autant que Tourist Trap possède cette originalité d’aller chiper un mix d’idée ici et là à d’autres grands succès pour étoffer son intrigue et caractériser son personnage qui sort du commun des croquemitaine habituels. Ainsi, le récit développe une atmosphère sinistre et oppressante inspiré de l’Homme au masque de Cire, auquel on aurait insufflé l’hystérie de Massacre à la tronçonneuse. Le maître des lieux cherche à agrandir sa collection de pantins désarticulés qu’il peut manipuler à loisir grâce à des dons de télékinésie. Les séquences ont tout d’un cauchemar éveillé, et l’on ne sait jamais vers où se tourner puisque le menace peut se manifester à tout moment par l’intermédiaire de ses poupées. Par ailleurs, le tueur souffre d’un dédoublement de personnalité, ce qui en fait un être aussi terrifiant que pathétique, évoquant autant Norman Bates pour son travestissement, son caractère débonnaire et ses délires schizophréniques que Leatherface pour la ressemblance physique et son juvénisme. Le film est naît de la première collaboration entre le réalisateur David Schmoeller et le producteur Charles Band qui se retrouveront à l’occasion de plusieurs autres productions maisons (Puppet Master, Fou à tuer, Catacombs, La Main des Ténèbres). La fin délivre également un twist plutôt surprenant et inattendu remettant en perspective l’ensemble de l’oeuvre sous un nouveau point de vue. Et s’il fallait encore vous en convaincre, sachez que Stephen King le considère comme l’un de ses films préférés, ce qui venant de la part d’un tel auteur est forcément gage de qualité.
Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !