Tourist trap s’apparente à un joyeux fourre-tout : une pincée de Massacre à la tronçonneuse, une dose de Carrie, un soupçon de Psychose, une pointe du Moulin des supplices et une ration légère de Vendredi 13. Voilà une recette qui annonce un opportunisme qui fait craindre le pire mais qui se révèle, au final, lui-même profondément original. Pas vraiment un slasher, ce Tourist trap s’apparente davantage à un vrai film d’angoisse qui mise sur son atmosphère troublante pour mettre en scène la terreur qu’inspire ce curieux fou furieux sur les quatre jeunes gens venus frapper à sa porte. Pas très expressif sur le thème de la télékinésie dont est doté son personnage principal, le film pèche peut-être à cet endroit. Pour le reste, c’est plutôt bien fichu et très efficace.
Tournant le dos au gore et aux meurtres graphiques, le réalisateur, qui disposait d’un budget très modeste, associe des thèmes fantastiques (la télékinésie donc) et un traitement réaliste qui rappelle la brutalité des premiers films de Tobe Hooper ou de Wes Craven. Un mariage surprenant mais habile qui provoque un certain effroi, d’autant plus que Chuck Connors dans le rôle principal est remarquablement inquiétant. Plus habile dans le mystère que dans sa dimension survival qui lui emboite le pas au fur et à mesure que le récit avance, l’ensemble pèche parfois par son rythme inégal et sa propension à répéter certains schémas narratifs (poursuite, capture, évasion, nouvelle capture, châtiment). Le manque de personnages explique peut-être cette faiblesse scénaristique.
Le résultat est, malgré tout, plutôt sympathique. Avec son ambiance pesante et son joli plan final, David Schmoeller signe un film étrange mais efficace bien soutenu par la partition de Pino Donaggio. De la série B, certes foutraque, mais globalement bien maîtrisée et originale qui ramènera le spectateur dans ces diables routes secondaires de l'Amérique profonde.
6,5