Voilà un film puissant (dont le titre reflète probablement l’état intérieur du cinéaste), réalisé avec talent sur un thème, certes conventionnel, celui du maitre et de l’esclave, dialectique développée dans « Phénoménologie de l’esprit » (1807) par Georg Friedrich Wilhelm Hegel (1770-1831) mais actualisé dans le contexte de l’Indonésie après la dictature (1967-1998) du général Soeharto. Le film repose sur les relations troubles entre le jeune Rakib (père en prison, frère travaillant à l’étranger), au service (comme son père le fut) de l’ancien général Purnawinata qui fait une campagne électorale où il défend l’installation de centrales hydro-électriques (au détriment de certains qui sont expropriés). Le premier est soumis, fasciné puis écœuré par les agissements du général, violent et cynique, à l’autorité naturelle et dont l’entourage est sous son emprise. Rakib finit par se révolter, sans être inquiété car la place du général est convoitée. Cette révolte n’est pas libératrice pour autant car il va devoir composer avec le système, hérité de la dictature et vivre avec sa conscience.