Vous voyez Carl Fredricksen du film Là-Haut ? Il a troqué son déambulateur pour quelque chose de plus radical pour fuir les gens : une corde à pendre. C'est sur ce constat de tristesse profonde (il a beau être désobligeant, ce vieillard nous brise le cœur quand on commence à cerner les raisons de son mal-être) mais aussi de comique inattendu (les voisins-Bisounours sont toujours là pour embêter ce papy ronchon avec leur bonne humeur légendaire) que Le Pire Voisin du monde gagne à être connu. On n'a pas vu l'original suédois (A Man Called Ove), ni lu le livre de Fredrik Backman dont ces deux films sont l'adaptation, et c'est avec tous les doutes possibles qu'on s'est installé dans le fauteuil rouge : Tom Hanks est depuis quelques temps un peu fatigué, l'affiche est assez laide (on a cru à un film Amazon Prime), le titre français pique les yeux... Mais, puisqu'il y a un grand "Mais", on s'est laissé apprivoiser par les émotions diverses du film, alternant, comme l'ensemble de la salle (une dizaine de curieux), les "Ooooh" tristes (avec un reniflement à la discrétion loupée dans le dernier rang) et les "Mohhh" attendris (trop de bonté et gentillesse au même endroit, alors forcément, nous, on fond). Évidemment, le film n'évite pas les bons sentiments, mais on le lui pardonne souvent au profit du beau message d'entraide qu'il véhicule, avec une mise en scène soignée de Marc Forster (si on avait su que le réalisateur de Neverland et Les Cerfs-volants de Kaboul était aux commandes, on aurait pris des kleenex...) et un Tom Hanks qui est effectivement fatigué mais en nourrit son personnage (cela fonctionne parfaitement). On s'attache vite aux voisins en tous genres, couleurs, âges, profils de vie... et on ne peut pas détester cet Otto dont le mal-être est un criant appel à l'aide. Parfois facile, un brin mielleux, Le Pire Voisin du monde se révèle être une belle tragicomédie, qui mêle larme et sourire, et beaux messages d'acceptation. Adoptez Otto.