« Mais, mon cher, le bonheur n’est pas gai. »
Le Plaisir est dans la longue histoire de l’adaptation littéraire exemplaire sur bien des points.
C’est d’abord un hommage à la formidable concision et au regard incisif de Maupassant, notamment par la place laissée à son style à travers la voix off d’un timbre extraordinaire de Servais.
Mais c’est aussi une adéquation totale entre le ton originel des nouvelles et l’esthétique filmique. Fluidité, légèreté, sont les maîtres mots : la caméra virevolte avec grâce, monte les étages et parcourt la salle de bal, les panoramiques virevoltent avec les comédiens dans une valse réjouissante. La présentation de la Maison Tellier, entièrement vue de l’extérieur et parcourant ses brûlantes alcôves depuis la rue, tout en suggestions frivoles, nous laissant à l’état de voyeurs, est un coup de maître.
Si les trois nouvelles diffèrent dans leur ton, la mise en en scène les relie habilement. Ophuls, du point de vue du récit, est tranquille. Le génie de Maupassant en matière de densité narrative est une garantie. Mais son choix et les passerelles qu’il établit entre les trois films est d’une belle ingéniosité. C’est celui de l’image et de l’apparence : le masque, le modèle du peintre et l’image de la courtisane qui échauffe tant les citadins que les campagnards, plaisirs vains et frivoles auxquels le réalisateur substitue une saveur longue en bouche qui se bonifie avec le temps.
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