Film à sketch adaptant successivement 3 nouvelles de Maupassant, Le Plaisir de Max Ophüls brille par son statut d’adaptation et la manière dont Ophüls met en scène et revendique cette adaptation.
Les films à sketch d’Ophüls sont vraiment remarquables par la manière dont il crée des liens entre les différents récits. Dans La Ronde, la transition entre les histoires est assurée par probablement le personnage le plus marquant du film, qui fait office de guide pour le spectateur du film. Le dispositif même de La Ronde, avec ce retour cyclique au narrateur, crée une connexion spéciale avec le spectateur qui se sent beaucoup plus concerné par l’histoire qu’on lui raconte.
Dans Le Plaisir, le rôle du narrateur est assuré par une voix off, le film démarre avec un écran noir sur lequel le narrateur se présente à nous comme étant Maupassant lui même mais surtout comme étant à côté de nous dans l’hypothétique salle de cinéma, dans le noir. Ces narrateurs surprennent, surtout dans les années 50 en plein cinéma classique, et donnent un intérêt insoupçonné à ces films qui sont pourtant une succession de saynètes ou de 3 nouvelles de Maupassant sans réel lien entre-elles en ce qui concerne Le Plaisir.
Ce lien c’est l’apport qu’Ophüls fait à ses adaptations, on en est presque à attendre la fin d’une saynète pour retrouver le narrateur.
Le rythme est parfois un peu lourd et les nouvelles présentées pas toutes passionnantes mais le sens de l’adaptation du cinéaste combiné à une grande maîtrise esthétique, parfois ostentatoire, font du film une vraie réussite. L’un des derniers plans étant une petite touche de génie (le plan d’ensemble qui devient un plan subjectif montrant la défenestration jusqu’à la chute).