Le téléfilm de Peter Weir fait partie de ces œuvres qui déconcertent un peu à la première vision. On est loin du récit que l'on pouvait initialement imaginer et il faut finalement le voir pour ce qu'il est. En l’occurrence, un objet d'une grande simplicité (peu de personnages et de décors) qui étonne par sa finesse dans son analyse des catégories sociales et qui s'avère assez retors si on s'amuse à le décortiquer.
Loin d'un récit d'angoisse classique, "Le Plombier" raconte avant tout la confrontation de deux individus que tout oppose. D'un côté Max, plombier de l'université, un brin pervers-narcissique, rustre et rusé. De l'autre Jill, anthropologue, qui scanne assez rapidement le gugus, même si la politesse de sa condition sociale l'oblige à être courtoise et ne rien dire de front.
Ils vont se confronter le temps d'une semaine. Il ne se passe fondamentalement pas grand chose, mais la compilation des petits instants de malaises et d'incompréhensions entre ces deux êtres suffit à contenir le spectateur. On joue des points de vue de l'un ou de l'autre. On émet des doutes sur les qualifications du plombier. On s'interroge le regard que porte Jill sur Max. Est-il objectif? Le film remplit les blancs au fur et à mesure.
Également l'intrigue se joue d'éventuels ressort scénaristiques, et déconstruit les remparts sociaux qui pourraient protéger la jeune femme.
Son mari ? Bien trop pris dans un deal avec des chercheurs étrangers.
Sa voisine ? Elle apprécie plutôt le plombier.
De fait, même si le film glisse au départ sur un récit de persécution, l'idée d'une vision purement paranoïaque de l'anthropologue n'est pas à exclure. Encore une fois, cela tient sur des petits riens. Des actions et des tournures de phrases que l'on a tous pu vivre ou subir.
De plus, le film installe en arrière plan les travaux anthropologiques de la jeune femme. La mise en scène met en perspective les objets primitifs et les photos de tribus que collectionne Jill avec Max. Quel lien fait-elle entre lui et le mythe du bon sauvage?
Car le fond amer du récit traite du regard que le société porte sur nous. Est-on prisonnier de ce dernier ? Quel pouvoir sur les autres notre éducation nous donne-t-elle ? Quel type d'individu croit-on le plus facilement ?