A chlore perdu
Burt, 55 ans et bâti comme un demi-dieu grec, se balade en slip de bain moulant pendant tout le film (attention les filles, à un moment il l'enlève) . Et oui, un jour il a la fulgurante idée de...
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The Swimmer avec Burt Lancaster est vendu comme un crépusculaire bijou méconnu du nouvel hollywood. Les papiers qui s'en réfèrent parlent d'un film rare injustement boudé à sa sortie qu'il faudrait réhabiliter d'urgence.
Je n'irai pas jusque là, étant donné que le résultat est involontairement comique et que la dimension nanar est bien réelle. D'un point de vue technique c'est filmé de manière commune, la musique est très kitsch, et Burt a droit à 45 gros plans avec son regard perdu dans les arbres.
En résumant grossièrement la trame, c'est un bourge ricain qui décide de se baigner dans toutes les piscines de son voisinage avant de rentrer chez lui. Dit comme ça on dirait un film potache à la Ferris Bueller. Un quadra un peu déconnant qui fait durer l'été (symbole été = âge d'or, c'est un secret ne le répétez pas). Or c'est pas le cas du tout.
Alors on se dit que c'est un prétexte pour aborder des sujets plus graves, faire le point sur sa vie, ce cadre trivial masquerait un univers plus sombre. Il pique des têtes dans l'eau pour fuir ses problèmes ce type là. En réalité... non. C'est vraiment un film sur un mec qui aime les piscailles. Aux 3 premiers voisins, Ned (Burt) parle de la couleur de l'eau avec une jouissance sexuelle non dissimulée, y a même des discussions sur les filtres à eau utilisés "bon sang Johnson sacrée vieille bourrique ta piscine est merveilleuse ! - ah m'en parle pas j'ai un filtre eco-bactérien qui nettoie à 99,9999999% ! - ah t'as de la chance johnson ! j'te prends un drink en passant ?!"
Et ainsi, il fait la tournée des buffets parce qu'il y a en partout, à chaque arrêt, donc il picole comme un babouin. Il tente même de serrer une gamine de même pas 20 ans dans un bois, alors qu'il l'a quasiment vue naître, "j'ai l'impression que la semaine dernière encore tu avais 6 ans, ça te dérange si je mets ma main dans ta ptite chatte ? j'passerai te prendre au bureau... je vais pas t'lacher kid"
Après moi je veux bien que la critique veuille réhabiliter ce film mais ils se démerderont avec le mouvement #Metoo, et ils répéteront que c'est juste un vibrant objet cinématographique doux amer et crépusculaire sur la splendeur d'un homme qui court après son âge d'or afin de surmonter l'incommunicabilité dont il est la proie.
Entre les piscines qu'il enchaîne comme Super Mario enchaîne les niveaux, il ne se contente pas d'une balade dans les bois avec une blonde barely legal, il bat aussi un cheval à la course ! Ahaha sacrée vieille carne de Torpedo ! tu as failli me battre cette fois ci ! et il balnave un gamin en lui faisant croire qu'il va devenir son meilleur pote s'il lui file une citronnade gratuite vu qu'il a pas son portefeuille dans son slibard.
Et plus le film avance, plus on se rend compte que c'est un peu un connard ce stalker d'Aquaboulevard, il va allumer une ex uniquement pour se baigner encore et gratter un rab de whisky. Peut être qu'il espère plus... dans tous les cas c'est béquille.
A un moment j'ai cru qu'il avait fini par noyer sa femme et ses enfants et que c'était pour ça qu'il devenait dingo avec les piscines, et en fait non, c'est juste un mégalo tripoteur et sa femme s'est barrée avec les chiards.
J'écourte, plus ça va plus il est mal reçu, et plus il est bourré, il va même "se finir" dans une piscine publique. Le maître nageur le force à se laver les pieds 2 fois tellement il est crade. Il finit comme ça, avec des sans dents qui lui jettent des peaux de saucisson à la tronche.
Difficile de retrouver le film décrit dans les éloges qui naissent depuis la réédition du DVD. Ni émouvant, ni captivant. A noter que même Burt Lancaster, un acteur mythique, n'est pas vraiment exceptionnel de justesse. Les dialogues sont plutôt légers et anecdotiques. C'est pas du Tennessee Williams (no offense John Cheever mais l'adaptation est foireuse).
Détail troublant, le réalisateur a quitté le film en plein tournage... Je le comprends un peu. Il ne devait pas assumer la scène du cheval, avec Burt qui le mettait la pression "mais si arrête tes conneries c'est une putain de bonne scène, quand je veux je cours plus vite qu'un canasson, tu crois quoi cousin ?". Des fois il vaut mieux partir dignement plutôt que de se bercer d'illusions, Franck Perry a au moins parfaitement appliqué le message de son film.
Créée
le 4 déc. 2018
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