Le grand John est l’homme d’un seul rôle, celui du vieux capitaine Nathan Cutting Brittles de la Charge Héroïque ou, retourné à la vie civile, du shérif John T. Chance de Rio Bravo. Viril, lucide, brave, intègre, bougon et mal à l’aise avec les femmes. Doit-on le plaindre d’avoir vu ainsi brider sa carrière ? Ou, au contraire, faut-il envier sa chance de naître en 1907, juste à temps pour incarner, à jamais, le cow-boy légendaire ? Né vingt ans plus tard, il aurait été condamné à trainer sa grande carcasse, au mieux dans des westerns spaghetti, au pire dans des emplois de cochers de comédies sentimentales. Le Duke était lucide : « J'ai joué John Wayne dans tous mes films et ça m'a plutôt pas mal réussi ».


Quand Henry Hathaway lui proposa le rôle Matt Master, propriétaire de cirque, John accepta, à condition, de conserver sa tunique bleue galonnée, son stetson et sa winchester. La longue scène d’introduction lui permet d’assouvir sa passion. Il demeure bon cavalier et conserve l’œil perçant. John retrouvera Hathaway dans le plus traditionnel Cent dollars pour un shérif, qui lui vaudra l'unique Oscar de sa carrière.


Quelques mots sur un scénario passablement alambiqué. Nous sommes plongés dans les années d’avant-guerre (celle de 1914). Matt Master embarque chapiteau, ménagerie et troupe pour l’Europe, officiellement pour visiter la terre d’origine des arts du cirque, plus probablement pour marcher sur les traces d’une trapéziste disparue. Le cargo accoste en Espagne. Toute la ville assiste au débarquement. Un mouvement de foule, le vraquier vacille… et se retourne comme une vulgaire barcasse du bois de Boulogne ! Le Duke est cow-boy, pas marin ! La suite le plonge dans une histoire de cœur confuse, triangle amoureux, chute mortelle, fuite et vengeance. Le Duke peine à jouer le papa-poule, déclenchant l’hilarité de mes filles (pardonne leur John). Vous apprécierez la reconstitution de Paris, totalement farfelue.


Peu importe, car si le film sort de l’ordinaire, il ne le doit pas ses clowns et chevaux, mais à ses fauves et sex-symbols. Rita Hayworth n’est plus que l’ombre de Gilda (1946), elle perd la mémoire et peine à retenir son texte. Ignorante être touchée par un précoce Alzheimer, elle boit pour oublier, ce qui n’arrange rien. Elle cède la première place à la sublime Claudia Cardinale, une sculpturale ingénue, que j’ai néanmoins du mal à imaginer gravissant la corde lisse à l’équerre.


Chère Claudia, tu ignores que nous avons rendez-vous dans Il était une fois dans l'Ouest (1969).
- D’ailleurs, je le reverrai bien une nouvelle fois.
- Encore !
- Une dernière fois, s’il te plait.

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le 13 déc. 2016

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Step de Boisse

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