Responsabilités parentales

Ce sont deux parents ordinaires qui mènent une vie tranquille dans un petit village banal. Maman est médecin, papa est sculpteur. Deux enfants, dont un est en pleine crise d'adolescence.
Puis, maman est appelée d'urgence mais ne peut que constater la mort brutale d'une adolescente.
Puis, le chef de la police locale, un ami que tout le monde tutoie, arrive le soir pour leur demander de fouiller dans la voiture du fils. Fils qui, d'ailleurs, n'est pas rentré.
L'évidence s'impose très vite. Jacob, le fils d'une quinzaine d'années, est accusé d'avoir assassiné la jeune fille.

C'est là qu'il ne faut pas se tromper. Ce film n'est pas un polar. Le but n'est pas de savoir ce qui s'est réellement passé. Pas la peine de se demander qui est le criminel. Barbet Schroeder, cinéaste dont l'œuvre est unique et ne ressemble à aucune autre par sa diversité, ne veut absolument pas faire du suspense. Le film est à voir sous deux angles.
Tout d'abord, c'est un film dur, très émouvant, sur le rôle des parents. La réaction des adultes est très significative. La mère dénie la culpabilité de son fils, constamment convaincue, jusqu'au bout, qu'il y a une méprise et que tout va s'arranger. Elle a une confiance aveugle dans la justice et sa recherche de la vérité.
Face à elle, le père veut d'abord protéger son fils. Il va détruire des preuves et user de tous les articles de loi qui vont lui permettre de se soustraire à la justice. A la fin, il dira que c'était, selon lui, son rôle. Son devoir en tant que père.
La question se pose : quel est le rôle des parents ? Quelle est leur responsabilité ? C'est tout le problème de l'éducation qui se pose. Mais pas seulement.

L'autre aspect fascinant du film est l'attaque en règle contre la justice. Le personnage de l'avocat, remarquablement interprété par Alfred Molina, est très direct et nous interpelle franchement. Le but de la justice n'est pas d'instaurer la vérité. Lors d'un procès, chaque côté vient avec son histoire et le jury va décider laquelle est la plus crédible. Il faut inventer les événements les plus réalistes et ne pas hésiter à jeter l'opprobre sur la victime.

La réalisation est très subtile et on ne peut que remercier Schroeder d'avoir éviter le pathos, qui aurait été plutôt malvenu ici. Le film est émouvant mais sans jamais en faire trop ni insister sur le malheur.
Les acteurs sont formidables et Liam Neeson trouve là un de ses meilleurs rôles. Un grand film, très intelligent.

NB : le titre français du film, c'est Le Poids du Déshonneur.