Après plusieurs films à conscience sociale, Uchida se voit confier cette production, commandé par le ministère de l'intérieur pour mettre en valeur les forces de l'ordre. Il parvient à éviter le film de propagande en privilégiant la dimension psychologique, avec quelques touches réalistes en privilégiant le tournage en extérieur notamment. Ca ne l'empêche pas de s'attarder malgré tout sur certaines techniques d'enquêtes (filature, planque, relevé d'empreinte) mais celles-ci sont intégrées au cheminement du héros, rapidement déchiré par la crainte de voir son ancien ami être un criminel. La résolution devient ainsi bientôt une affaire personnelle où les nouveaux indices éloignent davantage les camarades. De plus Uchida laissent presque sous-entendre qu'ils étaient amants dans leur jeunesse. Il y a de beaux moments pour décrire le désarroi grandissant du policier avec des trouvailles visuelles inspirées : le montage éclaté évoquant les souvenirs fugaces se mélangeant, les surimpression lors du comparatif des empreintes ou le travail sur les gros plans quand le policier s'empare du briquet de son ami pour en faire une pièce à conviction (rupture brutale d'une formidable intensité dramatique).
Par contre il est dommage que le scénario ne soit pas si bien soignée dans divers sous-intrigues comme les voisins (et le cerf-volant coincé dans un arbres) qui ne sert que de facilité plus tard pour espionner la maison du suspect ou encore la fille du supérieur qui passe également rapidement aux oubliettes. Tout cela alourdit un peu le rythme et crée des moments de flottements superflus. De plus l'intrigue général manque de surprise et l'on ne se fait guère de surprise quant à l’identité de l'assassin même si la réalisation d'Uchida joue intelligemment d'une focalisation en majeure partie centrée sur son héros. Mais tout cela conduit à une œuvre frôlant les 2h qui n'étaient pas nécessaires.
Et pour rester sur la réalisation, il faut relever qu'elle est d'une grande qualité avec tout d'abord une admirable direction d'acteurs qui accorde beaucoup d'attention au visages et aux réactions. Et la caméra est extrêmement mobile et très dynamique avec des panoramiques rapides et beaucoup de plans embarqués en voiture pour plus de nervosité. Uchida crée ainsi une tension à la fois visuelle et psychologique qui explose dans le final lors d'une descente policière dans la cache des brigands pour une virtuosité époustouflante à base de travelling rageurs, de corps sans cesse en mouvements, d'une violence sèche, d'une gestion formidable de l'espace et de l'architecture et une utilisation viscérale de la lumière avec les projecteurs balayant l'arrière plan. Un morceau d'anthologique d'une profonde modernité qui se conclut dans un sublime moment humaniste.