Le Pont
7.4
Le Pont

Film de Bernhard Wicki (1959)

S'il y a bien quelque chose de magique dans le cinéma, c'est qu'on peut se dire qu'il y a toujours une pépite à dénicher, un film plus obscur, plus rare, dont on n'avait pas la connaissance, et qui est en fin de compte un choc.
C'est le cas de ce Pont, le fait de gloire de Bernhard Wicki, réalisateur allemand connu pour avoir réalisé les scènes impliquant les soldats nazis dans Le jour le plus long, et qui finira sa carrière en réalisant des épisodes de la série Derrick. Là, il parle d'un combat de principe, celui de sept adolescents envoyés à la mort pour la défense d'un pont.


En Avril 1945, quelques jours avant la capitulation allemande, le manque d'hommes se fait ressentir mais pourtant, il faut encore épauler la Wehrmacht ; c'est ainsi que sept adolescents sont choisis, après un entrainement sommaire, afin de défendre un pont et empêcher ainsi l'arrivée des troupes américaines. La première partie est en soi formidable, dans le sens où c'est un moment de calme, des garçons jouant avec des filles de leur âge, l'innocence est là, quand soudain, l'ordre est venue de les faire rentrer d'un seul coup à l'âge adulte, par la porte de la guerre.
La très grande qualité du film, et de ce qu'a réalisé Bernard Wicki, est de ne pas montrer ces jeunes allemands de façon caricaturale, où d'ailleurs, on ne voit jamais une seule croix gammée ni un symbole S.S. : ils sont comme des gens de 15-16 ans, la vie devant eux, l'amusement, l'ignorance car on pense que la guerre est lointaine et qu'ils ne se sentent pas concernés. Jusqu'au jour où...
Il faut souligner la qualité de jeu de ces ados, tous exceptionnels, car ils préfigurent ce qu'on verra dans un autre très grand film de guerre qui est Requiem pour un massacre, à savoir qu'on croit, et qu'on voit, qu'ils vieillissent de manière prématurée une fois sur le terrain, face aux chars et tirs aveugles. La peur est là, les rancunes se font tues, la mort leur fait face. Jamais on se dit, parce qu'ils sont allemands, donc entre guillemets les méchants de base, que c'est bien fait ; ça pourrait être un autre pays, et la défense de leur territoire, même si c'est pour le principe, mais ce pont est quelque part une représentation de leur passage à un autre soi, leur Styx à eux...


C'est un film admirable, sur les dangers de l'endoctrinement, qui donne une impression de gâchis alors que la fin de la guerre était si proche, et que, peu importe les petites rancœurs, les jalousies, la peur, dans la guerre, c'est tuer ou être tué.

Boubakar
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le 25 déc. 2020

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