Le fantôme de Mussolini hantait-il ce "Porteur de Serviette", sorte de comédie satyrique sur un politicien Italien crypto-fasciste à la télégénie indéniable mais doté de la conscience d'un rat d’égout ? En tout cas, le choix brillant d'un Nanni Moretti en total contre-emploi est un coup de maître, ainsi que le fait de ne jamais forcer le trait et de préférer aux règles habituelles du thriller politique (la version hollywoodienne) ou du film dénonciateur (la version Costa Gavras) un cynisme léger. "Le Porteur de Serviette" fait alors très peur, parce qu'il suggère que l'Italie - voire le monde - peut très bien s'accommoder de ce type de situation. L'arrivée au pouvoir de Berlusconi allait donner a posteriori au film toute sa sinistre signification... [Critique écrite en 1992]