Le film est fascinant de par son sujet, de par son traitement et de par la présence de Sanders (qui incarne les idées d'Oscar Wilde et qu'on aurait tort de réduire à ses attitudes les plus cyniques) de plus il est esthétiquement superbe. Le fond est plus discutable puisque la lecture du film au premier degré est morale, il s'agit là d'une dérive par rapport au roman de Wilde qui lui est amoral (et non pas immoral). Le personnage de Lord Henry (joué par Sanders) est ambiguë, d'un côté on apprécie ses vannes propres à effrayer la bien pensance, de l'autre il est présenté comme une sorte de "pousse-au-crime". Si le roman s'achève sur la mort de Gray, le film y ajoute une scène où ses proches viennent constater le décès, tout ça afin d'entendre Sanders marmonner un "Mon Dieu, pardonnez-moi !" absolument déplacé. En fait Wilde expliquait que l'hédonisme n'était sans doute pas à la portée de tout un chacun et que la seule erreur de Sir Henry était d'avoir influencé Dorian qui n'était pas prêt pour ça ! Alors que dans le film on semble nous dire que l'hédonisme est une pente qui conduit à la déloyauté, à l'égoïsme et même au crime. Malgré ces réserves (il est probable que la dernière scène ait été imposé par la prod) le film reste remarquable.