Le Portrait de Dorian Gray est un très beau drame fantastique écrit et réalisé par Albert Lewin,d'après le roman d'Oscar Wilde qui mettent en scéne Hurd Hatfield (très bien) dans le role de Dorian Gray un jeune dandy qui représente la beauté et la jeunesse... George Sanders (excellent) qui joue Lord Henry Wotton qui représente l'hédonisme (une doctrine philosophique grecque selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir constituent l'objectif de l'existence humaine) et le décadentisme... Angela Lansbury (excellent) qui joue Sybil Vane une jeune comédienne qui représente l'innocence et l'amour... Lowell Gilmore (excellent) qui joue Basil Hallward un peintre (homosexuel dans le roman) reconnu qui représente la morale (dans le film) et l'art... et un tableau (peint par ce dernier) qui va vieillir et pourrir a la la place du jeune Dandy qui va devenir l’immortalité décante...
Unique roman d’Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray a été porté plusieurs fois à l’écran mais l’adaptation d’Albert Lewin, est de loin la meilleure. Le film est fidèle aux éléments narratifs et à la portée du livre, si ce n’est que deux personnages ont été ajoutés, Gladys Hayward (Donna Reed) et David Stone (Peter Lawford). Sans doute cet apport a-t-il été imposé par les producteurs, pour donner un cadre sentimental traditionnel plus rassurant au sein d’un récit d’une noirceur totale. On a souvent comparé le roman à La Peau de Chagrin de Balzac ou au mythe de Faust, de par l’idée de pacte maléfique et sa réflexion sur le temps qui passe. Wilde, accusé en son temps de débauche et de perversion, a créé ses doubles avec les figures de Lord Henry et Dorian, interprétés à l’écran par George Sanders et Hurd Hatfield. La censure que dut affronter Wilde à l’époque victorienne trouve ici un écho avec les rigidités du code Hays hollywoodien. On ne trouvera allusion ni au recours à l’opium (évoqué dans le roman), ni encore moins à l’homosexualité, et les « bas-fonds de Londres » sont filmés de manière elliptique ; seules quelques brèves scènes de beuverie montrent la vie cachée de Gray, et nous ne connaissons sa cruauté morale qu’au vu de ses rapports avec la chanteuse Sybil Vane (Angela Lansbury), le peintre Basil Hallward (Lowell Gilmore) et le chimiste Allen Campbell (Douglas Walton)...
Mais comme souvent dans le cinéma de l’époque, cette (auto) censure s’accorde avec un art de la suggestion rendant encore plus trouble le comportement de Dorian (Le visage angélique de l’acteur, dont on connaît la dualité sans en cerner la réelle ampleur, est ici à rapprocher du joli minois de Simone Simon, femme-panthère dans La Féline). Cette version du roman de Wilde, outre le dense matériau littéraire dont elle est tirée, vaut également et surtout pour sa splendeur visuelle et son épure. Albert Lewin, esthète de Hollywood, se montre réalisateur inventif et inspiré dans son traitement de l’onirisme.. dut particulièrement la beauté du noir et blanc de Harry Stradling (récompensé aux Oscars), avec quelques incursions en couleur quand la caméra s’approche du tableau. Ce procédé, novateur pour l’époque, n’est pas la moindre des surprises visuelles de ce poème cinématographique... Enfin bref, ce très jolie film est la meilleure adaptation du roman d’Oscar Wilde, qui est typique du raffinement esthétique d’Albert Lewin, un petit maître du cinéma américain.