Lors de l'été 2008, les yeux étaient rivés sur l'événement Batman qui allait battre des records ; ou encore sur le dernier Pixar et son robot au capital sympathie immédiat. Pour ce qui est de la France, l'intérêt était surtout porté sur les expériences américaines plus ou moins désastreuses de Louis Leterrier (L'incroyable Hulk) et Mathieu Kassovitz (Babylon AD). Pourtant un improbable challenger va se présenter vers fin juillet, aidé par le bouche à oreille et un casting fait d'acteurs confirmés et d'autres en devenir.
Ce film est le second de Bezançon après le remarqué mais peu vu Ma vie en l'air (2005). Un succès (1,2 million d'entrées face à des grosses machines hollywoodiennes, ce n'est pas rien, surtout en plein été) qui n'a rien d'anodin, car ses personnages ne sont pas si éloignés de nous. C'est d'ailleurs comme ça que Studio Canal l'avait vendu : "Cette famille, c'est la vôtre".
Même si le récit n'est pas autobiographique, le film peut sentir le vécu selon telle ou telle situation. Ainsi la période choisie correspond à la jeunesse du réalisateur et cela peut aller de la mort de Kurt Cobain au patch anti-tabac, en passant par les débuts de l'air guitar. Une bulle temporelle qui rappelera des souvenirs à ceux qui l'ont connu, mais n'empêche pas les plus jeunes de s'identifier aux personnages, qu'importe l'époque chroniquée. Tout simplement parce que les événements du film sont universels, que ce soit le départ des enfants, l'adolescence, le passage à l'acte, les rendez-vous manqués, le passage à l'âge adulte, le deuil (à tous les âges), les relations sexuelles passées un certain âge, les consommations...
Par deux passages, Bezançon renvoie à deux films spécifiques. Il cite dans un premier temps Un éléphant ça trompe énormément (Yves Robert, 1976), puisque Zabou Breitman se relance dans les études artistiques, tout comme Danièle Delorme, quitte à faire des collocs à la maison. Puis Seize bougies pour Sam (1984), puisque Fleur (Deborah François) voit ses parents et amis ne plus se souvenir de son seizième anniversaire, tout comme Molly Ringwald dans le film de John Hughes. Des allusions plus que du plagiat et où le réalisateur donne sa vision des choses (ce qui le différencie largement d'un Camille redouble).
L'autre atout majeur est bien évidemment son casting. Chacun est convaincant et parvient à tirer son épingle du jeu. Certains confirment (Gamblin est irrésistible en papa à la cool, mais prêt à être autoritaire quand il le faut, Zabou Breitman en maman trop poule, Roger Dumas en grand-père disant bien trop peu), d'autres se révèlent. Si Déborah François et Marc-André Grondin (césarisés pour l'occasion) avaient déjà un peu d'expérience, Pio Marmaï est la grande révélation en fils aîné voyant sa vie se casser la figure une fois qu'il s'éloigne de ses proches.
Avec Le premier jour du reste de ta vie, Bezançon parvient à évoquer une époque, mais aussi la famille en général, avec ses bons et ses mauvais côtés, ses événements tragiques ou pas (l'utilisation de Perfect day est superbe). Mais à la fin il y a toujours un petit espoir amenant à du changement. L'occasion de sortir une bonne fois pour toute la cartouche Etienne Daho pour un beau regard caméra.