Comment se positionne notre cinéma hexagonal aujourd’hui ? De manière un peu caricaturale, on trouve deux ensembles. D’un côté les films « qualité française » avec quelques acteurs de renom, un scénario minimaliste, une mise en scène léchée, le genre « Dialogue avec mon jardinier » qui trouvent leur public du côté des cartes vermeilles. De l’autre, des films plus cérébraux et passablement hermétiques dont Desplechin se fait le chantre et qui n’en finissent plus de ressasser encore et toujours jusqu’à l’écœurement et a grand renfort de stéréotypes ce que la nouvelle vague nous a donnée de manière définitive. Depuis quelques temps une troisième voie s’ouvre, quelques réalisateurs veulent bosser autrement. Rémi Bezançon est de ceux-là. Certes, on ressent une certaine maladresse sur la forme (discours moral appuyé, facilité de situations…), mais globalement « Le premier jour du reste de ma vie » offre quelque chose d’essentiel : une émotion sincère, de celle qui vous submerge sans détour, de celle qui évoque un vrai vécu universel. Car le film de Bezançon c’est cela, un film pour tous où chacun peut se reconnaître, en un mot un cinéma de proximité. Assemblage d’anecdotes de vie habilement mise but à bout dans un scénario qui tient la route et servi par des acteurs généreux. Bezançon refuse la facilité du film personnel et chiant qui ne parle qu’à une élite torturée. Il fédère les publics car son approche est crédible, puisque potentiellement vécue en toute ou partie par un spectateur qui ne cherche en allant au cinéma, qu’une chose, être séduit naturellement, être ému simplement. « Le premier jour du reste de ma vie » atteint sa cible. Aucune chance de le trouver sur un palmarès, ce n’est pas un film à festival. Juste une œuvre touchante qui provoque un vrai bonheur et qui rencontrera le public immanquablement.