Habituellement, ma conscience cinéphilique me pousse à ne jamais écrire sur un film dont je n'ai vu qu'une partie. Oui, il m'est arrivé de supporter bien des laxatifs visuels par intégrité, mais il arrive toujours un moment de rupture, où l'envie de dégainer sa plume vinaigrée se fait pressante. Le Prénom sera donc ma dragée Fuca du moment, tant ce film éveille en moi des sentiments nauséeux pour le moins puissants. Tout démarre donc avec cette adaptation d'une pièce de théâtre (original) qui possède un pitch (encore plus original) digne d'une blague carambar.; le genre de pitch que tu n'oses pas proposer en court métrage, la comédie française te l'offre en 1h45. Balèze.

Bref, des amis réunis en huis clos pour un diner pita décident de régler leurs comptes sur le choix du prénom de l'immense acteur qu'est Patrick Bruel, dont le talent et le magnétisme cinématographique se situe à mi-chemin entre Bob l'éponge et un réfrigérateur Bosch. Car oui, c'est là le noeud du film : il veut appeler son fils Adolphe !! Allez, il devient fou : il veut maintenant l'appeler AdolF ! Comment, en 2012, peux-tu appeler ton fils comme ça, mais t'es fouuuuu ! Heureusement, la grande force du scénario est de ne pas s'enfermer dans ce sujet complexe et de proposer, outre des répliques inoubliables ("t'as la bouche en cul de poule") une série de disputes toutes plus cohérentes et essentielles les unes que les autres. En réalité, je dois l'admettre, Le Prénom est une formidable leçon d'écriture : de l'art de faire du vent avec rien. Balèze.

Sans doute ai-je manqué, dans le reste du film, quelques réflexions fondamentales sur la vie par cette tranche très représentative de la France moyenne (quadras intellectuels dans l'appart de luxe à Paris ; c'était ça ou les cités HLM, alors on se tait) ; sans doute ai-je manqué aussi cette réalisation aussi dynamique et rythmée qu'un Tarkovski sous xanax (mode dose de cheval) et qui utilise la musique aussi efficacement que les frères Dardenne ; enfin, sans doute, ai-je manqué cette direction d'acteur impeccable, à côté de laquelle les modèles de Bresson semblent sortis de l'Actor's Studio. Balèze.

Oui je me vante, je cite des cinéastes chiants pour montrer que je les connais, je tente vainement de faire des allusions scatologiques pour rendre ce texte facétieux et subtil, à l'image du film, et je m'autorise à insulter un chanteur qui ne devrait que le rester (ça limiterait déjà les dégâts). Bref je suis arrogant, terne, pas drôle. Ce qui me rappelle un certain film. Malaise.
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le 21 sept. 2012

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