Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il parle peu. A part quand on le colle devant un micro et qu'il déballe ses salades bien connues, Frêche ne dit rien. Ses acolytes (le communiquant, le stratège et le publicitaire, aux allures de truands, véritables personnages de film) pensent pour lui, organisent pour lui, se désolent pour lui, se réjouissent pour lui et essayent (sans y parvenir) de parler pour lui. Frêche trône, silencieux, monstrueux. Son corps repoussant, énorme et cassé, avale tout ce qui passe à sa portée: les journalistes, l'alcool, les tranches de jambon, les post-it. Le film ne montre pas un "animal politique" mais un "monstre" local, presque un personnage de conte.
La liberté de filmer donnée aux journalistes est assez rare en politique. Les anecdotes de campagne, les mensonges éhontés, les matins en robe de chambre, les copineries, les vulgarités et les moments d'intimité balayent un peu les images ultraformatées auxquelles nous ont habitué les journaux télé. Mais par dessus le marché, les images sont belles. Tout sauf volées.
Registre complètement différent de la "Partie de campagne" de Depardon, mais pour un résultat tout aussi bon.