Cette fois, tout y est. Le Caméraman rassemble tout ce que Keaton fait de bien, au service d'une bonne trame. Chaque geste construit un peu plus le sens global du film. Chaque plan est juste. Il n'y a pas une once de gras à enlever. Plus le film avançait, plus je le trouvais bien, et plus je redoutais un faux pas qui aurait gâché mon impression d'ensemble. Et bien j'ai retenu mon souffle pendant soixante-quinze minutes, pour pousser un soupir d'extase à la fin.
Au-delà de ça, le thème (le reporter d'image en quête d'un scoop... pour l'amour de la jolie Sally, pas pour l'argent ni pour l'amour du métier) et les lieux new-yorkais (Chinatown pour la guerre des gangs, Coney Island pour la piscine, Broadway pour le passage des célébrités) m'ont particulièrement accroché. La fameuse "mécanique" Keaton (toujours très belle mais qui tourne parfois à vide, quoiqu'en dise Scritchaiev) sert ici à mettre en mouvement toute l'histoire. Et ce mouvement, net, précis, dessine un très beau film.
Au final, je crois que le Caméraman est aussi bien qu'un Chaplin. Pour Scritch, c'est sans doute une insulte, mais pour moi -et c'est moi qui écrit cette critique- c'est beaucoup dire!