J'ai vu le film deux fois. Agréable, ça oui, mais indiquez-moi dans cette pièce inviolable les différents points de génie, que je puisse les relier pour en révéler la maestria d'ensemble... Autrement dit, faites-moi un dessin. Parce-qu'avec Le Cameraman je suis dépassé. Ce que je sauve : Buster et son personnage, attachants même si je me prends à regretter que l'acteur ne joue pas davantage de son charisme naturel - complété c'est certain par un talent ici un peu contenu - pour exploiter ce filon émotionnel si essentiel chez Chaplin. Tout de même quelques plans d'une poésie touchante, comme ces travellings fluets pour capter le spectateur avec un élément inattendu (superbe scène de rencontre entre elle et lui).
Également, une guerre des gangs en plein Chinatown incroyablement maîtrisée et qui fait mouche. Pour ce qui est de la gravité faciale permanente et de la caution crève-écran, Keaton ne manque pas non plus à sa réputation ; mais quid des folles trouvailles comiques ? De l'ingéniosité débridée qui devait inscrire l'artiste au Panthéon ? En lieu et place, une série de gags redondants et déjà vus (Luke tamponne son prochain, gaffe à l'occasion, est constamment laissé pour compte par un entourage dédaigneux... on a même droit à l'agent de police aussi collant que pataud), une romance convenable mais convenue et des scènes bêtement inutiles.
Exemple ? La cabine de la piscine, partagée avec un lourdaud menaçant venu de nulle part et qui ne prend même pas la peine de se débarrasser de la gène que constitue l'occupant actuel. Ils se changent ensemble, se débattent dans leurs vêtements, se prennent le bec, grimpent l'un sur l'autre... Bon, c'est mauvais. Le comble de l'artifice narratif cependant reste l'astuce pour affliger le protagoniste d'un singe un peu trop malin pour être honnête. Cocasse, mais vraiment trop gros pour être avalé sans crispation.
Mince alors, ça n'a pas pris.