À la fin du XIX siècle, deux prestidigitateurs s’affrontent par tours interposés. Angier a le sens du spectacle, mais jalouse le talent incroyable du taciturne Borden. Leur inimitié s’aggrave jusqu’à ce qu'ils se tendent des pièges dangereux. L’inévitable finit par arriver et Borden est condamné pour le meurtre d’Angier. Mais comment l’a-t-il tué ? Et surtout, pourquoi ?
Christopher Nolan est un réalisateur ainsi qu’un scénariste extraordinaire. Sa maîtrise de la narration non linéaire (il a une perception du temps particulière, confère Tenet ou Memento) rend un récit déjà captivant en soi absolument passionnant. Pour réaliser cette œuvre, le maître a fait appel à deux grands acteurs parfaitement adaptés à leur rôle respectif. Hugh Jackman incarne un homme complexé qui se cache derrière du bagout et des paillettes. Christian Bale joue (encore une fois) un schizophrène qui s’amuse avec la prestidigitation en se moquant de la réalité et de ceux qui y vivent. Le talent de ces deux grands professionnels est tel qu’il éclipse celui des seconds rôles pourtant très compétents (Scarlett Johansson, Michael Caine ou encore le regretté David Bowie).
Comme souvent dans les récits de Christopher Nolan, l’histoire est sinistre et glisse inexorablement vers le drame à mesure qu’elle avance. Les personnages ainsi que leur évolution sont ciselés, mais sordides. Comme souvent également, la chute demande une certaine agilité cérébrale pour arriver à emboîter les dernières pièces d’un puzzle plutôt complexe. Christopher Nolan s’approprie brillamment le roman (avec l’aide de son frère) pour en extraire l’affrontement des magiciens et donner ainsi un récit dynamique.
Le prestige est un grand film regroupant d’excellents artistes devant et derrière la caméra, mais également à l’écriture. La reconstitution historique, bien que juste, passe au second plan face à un récit passionnant. La narration non linéaire sert uniquement à appâter le spectateur pour mieux le bluffer par une chute digne d’un tour de magie. C’est du grand art.