La rivalité entre les deux magiciens, joués par Christian Bale et Hugh Jackman, est à la fois un moteur narratif intense et une exploration fascinante des thèmes de l'illusion, de la tricherie, et du sacrifice. Le scénario, coécrit par Christopher Nolan et son frère Jonathan, joue avec la structure narrative pour refléter les tours de magie eux-mêmes. Dès la scène d’introduction avec Michael Caine, la voix off nous décrit les trois actes d'un tour de magie – "Le Promesse", "Le Tour", et "Le Prestige".
Cela aurait pu être un peu grossier, sur le lien qu’entretient la magie avec la fiction. Car, on a compris, s’il introduit le monde de la magie, c’est aussi pour préparer le spectateur à la structure du film, qui suit le même schéma. Mais cette explication, finalement, n’est pas de trop car le restant du film nous démontre avec brio cette mise en abyme, sans en révéler le secret.
Je dirais que la résolution du film est quelque peu surprenante puisque, dès le départ, on nous prépare à découvrir cette vérité, tels des enquêteurs. Mais quelque chose d'étrange se produit au moment de la révélation finale. La voix off de Michael Caine revient pour clôturer le film et nous conduit vers un sentiment tout à fait inattendu. Qu'on ait réussi ou pas, à anticiper la stratégie de manipulation du personnage de Christian Bale, ce n'est pas ça, finalement, qu'on est venu chercher.
L'effet de bluff. Oui, c'est surtout ça qu'on attendait. Ce n'est pas tant la vérité du dénouement qui impressionne le spectateur, mais plutôt la manière dont le film parvient à le tromper, à jouer avec ses attentes et sa perception.
Comme en magie, où la fascination réside dans le mystère plus que dans la révélation, Le Prestige réussit à captiver en dissimulant soigneusement ses secrets jusqu'à la fin, tout en nous offrant une réflexion profonde sur la nature même de l'art de l'illusion.