Pas un grand fan de Nolan d'ordinaire, je dois avouer que ce film a su me surprendre très agréablement. Après Following, Memento, Insomnia et Batman Begins, le cinéaste britannique signe donc ce cinquième long-métrage, un énième divertissement qui se veut intelligent. C'est peut-être les prétentions moindres qui le précèdent qui ont fait qu'il n'y a pas eu la déception habituelle. C'est peut-être aussi que le sujet, qui oppose deux magiciens dans une quête de la perfection et/ou de la reconnaissance, me plaît bien au départ. La magie, ça a son charme, avec ses mystères et sa mythologie, laissant le spectateur curieux et avides d'être manipulés, tant que le jeu en vaut en la chandelle.
Il fallait quand même savoir être à la hauteur de son sujet. Et quel autre cinéaste que Nolan pour berner son spectateur comme sait le faire un prestidigitateur? Nolan brille par son sens de la narration. Quand il nous raconte une histoire, à nous spectateurs, nous ne pouvons qu'admirer son habilité à saucissonner son intrigue de manière à ce que la tension soit sans cesse cultivée. Il a su faire de son histoire un tour de magie en lui-même. On assiste ainsi à une sorte de mise en abime de son propre film, de sa propre démarche, quand au début et à la fin, le narrateur (petit bémol à cette voix off qui est une facilité scénaristique) explique qu'un tour de magie, tout comme le cinéma de Nolan, comporte trois étapes décisives: la promesse, le tour, et le prestige. Le Prestige, titre du film, mais aussi donc clou du spectacle de magie.
Le château narratif bâti par Nolan en filigrane de son intrigue se révèle brutalement à nos yeux, dans un feu d'artifice final long de trente minutes, prestige de son film. Bluffant.