Le Prestige, c'est l'histoire de deux magiciens, dans le Londres du XXe siècle, dont la rivalité va naître à la suite d'un accident.


Le réalisateur ne nous ment pas : il n'est aucunement question de magie. Il nous montre la crédulité du public et, même s'il nous expose les 3 actes du magiciens que sont la promesse, le tour, le prestige, il nous démontre rapidement que tout repose sur le regard du spectateur.


Cette rivalité, ça n'est pas seulement le cœur de l'intrigue, c'est également le vecteur de la première morale que tient à nous faire assimiler ce génie de Christopher Nolan : C'est la concurrence qui tend au dépassement. Il n'y a pas de volonté "d'être le meilleur" qui existe d'elle-même. Cette volonté naît inexorablement de la crainte d'être moins prestigieux que son vis-à-vis.


Cette lutte rends les deux personnages de plus en plus sombres au fil de l'intrigue, se donnant à la fois des coups bas et offrant des tours de plus en plus sophistiqués aux spectateurs.


N'est-ce pas finalement comme cela que toute innovation, création, oeuvre, prestation, présentation, travail, s'effectue ? Tout cela n'est performant que parce que votre voisin est susceptible d'être plus performant, et ainsi plus prestigieux, reconnu, célèbre, connaissant un plus vif succès que vous.


C'est ainsi pourquoi c'est cette rivalité qui tend à l'incroyable, à la "magie" réalisée par le prestidigitateur.


Il nous emmène dans un monde où règne l'illusion, le songe, la tromperie chez le spectateur, où se mêlent la science dans un temps où les avancées sont aux yeux des gens une fascination [vous vous rendez compte ? il paraît qu'on peut mettre la lumière du jour dans une sphère de verre, grâce à la force de l'éclair !], et la fascination provoquée par une illusion pourtant provoquée par un mécanisme des plus simples. Pourtant, le véritable prestige n'est issu ni d'un mécanisme, ni de la science.


Par la force de leur concurrence, les deux acteurs (l'excellent Bale et l'un peu moins excellent Jackman) iront jusqu'à tenter de repousser les limites du rationnel (la science) pour atteindre l'irrationnel parfait tour de magie.


Comme dans tout Nolan, l'histoire se décante et se recoupe à la fin, les phrases, citations, magistrales s'enchaînent dans les derniers plans du film, on y découvre le secret du film, toujours associée à une morale qui revient aux choses les plus primaires, mais pourtant fondamentales.


Tant et si bien que, ce chef d'oeuvre nous donne finalement l'impression que l'on a, nous aussi, été l'objet du Prestige, car c'est un véritable tour auquel on assiste, tout au long du film. Il sème les indices et, lorsque vient le moment où la vérité éclate, on est bluffé, purement et simplement. Du Nolan, en somme.

ChronoMachine
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Christopher Nolan et Les meilleurs scénarios de films

Créée

le 18 août 2015

Critique lue 339 fois

2 j'aime

ChronoMachine

Écrit par

Critique lue 339 fois

2

D'autres avis sur Le Prestige

Le Prestige
Sergent_Pepper
7

The fool & the skill

Entre deux Batman, Christopher Nolan, dont la réputation ne cesse de croître, réalise Le Prestige, qu’on peut aisément considérer comme une confession dénuée de modestie sur la conscience qu’il a de...

le 14 févr. 2018

102 j'aime

12

Le Prestige
Hameçon
4

Recette du Plot Twist

Selon moi, un bon retournement de situation ("plot twist") repose sur deux bases essentielles : (1) il doit être fondé sur des éléments introduits au cours de la première moitié du film et le plus...

le 18 janv. 2012

86 j'aime

16

Le Prestige
Gothic
9

"How about a magic trick?"...ah merde c'est pas dans ce film là! :p

Ce "thriller dramatique" est signé Christopher Nolan, réalisateur que j'affectionne de plus en plus, notamment depuis qu'il a signé The Dark Knight, et Le Prestige. L'action de ce dernier se déroule...

le 26 févr. 2011

68 j'aime

11

Du même critique

Le Prestige
ChronoMachine
10

En deux mots : magie rationnelle

Le Prestige, c'est l'histoire de deux magiciens, dans le Londres du XXe siècle, dont la rivalité va naître à la suite d'un accident. Le réalisateur ne nous ment pas : il n'est aucunement question de...

le 18 août 2015

2 j'aime