Délicieux divertissement que ce Liu Chia-Liang, qui trouve sa raison d'être bien au-delà de son intrigue prétexte à base de traditionnels complots et ambitions de pouvoir. La spécificité des séquences d'action chorégraphique chez ce grand cinéaste repose sur deux principes bien identifiables. Le premier est de penser le kung-fu comme une extension des gestes les plus banals du quotidien. Qu'il s'agisse de servir le thé, d'amorcer une parade de séduction ou de simplement tenir une conversation cordiale, tout est sublimé, amplifié, poétisé par le mouvement des corps. Le second est l'art du travestissement et du déguisement, qui ne semble avoir comme fin unique qu'une sorte de joie de vivre désintéressée, apte à nouer des relations amicales solides ou à simplement tromper son adversaire par amour du jeu. Ces deux éléments combinés génèrent une sensation d'allégresse profondément communicative, apte à transformer notre regard sur les petites choses qui constituent notre routine journalière.