L'originalité constitutive de ce cinéma d'animation est à savourer sans retenue et en dépassant autant que possible les différentes maladresses, un peu comme ce fut le cas lors de la découverte de "Le Fils de la jument blanche" sorti à peu près à la même époque, mais en Hongrie. L'univers, les graphismes ou encore la légende abordée dans "Le prince Nezha triomphe du roi dragon" proviennent d'un studio d'animation chinois de Shanghai, s'inspirant d'un conte mythologique national et débouchant sur une expression stylistique particulièrement différente de ce dont on peut avoir l'habitude si notre point de vue est façonné par l'imagerie occidentale (ainsi que japonaise, en réalité) en matière de dessins animés.
Regarder ce film d'animation permet en premier lieu de s'exposer à une direction artistique qui détonne, mais c'est également l'occasion d'apprécier les différences de rapport à certaines thématiques, comme l'autorité et la mort. La première, sous la forme d'une réaction pour le moins surprenante du personnage du père tandis que le grand méchant mangeur d'enfants vient se plaindre du comportement de son fils, et la seconde dans un acte de suicide juvénile particulièrement marquant et improbable dans le cadre d'un cinéma à destination d'un jeune public. La dimension non-genrée du protagoniste est assez surprenante aussi (et on est à la fin des années 70), même si elle s'efface assez rapidement derrière les palais sous-marins, les cerceaux magiques et les manifestations divines. Et on retiendra tout particulièrement une bataille contre un dragon qui se solde par l'extraction manu militari de sa colonne vertébrale pour en faire une arme par la suite...