Ce film d’animation assez court (juste une heure) bénéficie d’une qualité de production très homogène, et d’un style artistique très différent de l’offre occidentale ou japonaise. Les dilemmes et la narration relativement simple, visant un public très jeune, nous ont l’avantage d’offrir un point de vue clair et dégagé sur quelques aspects assez primordiaux de la culture chinoise. Cette présentation inhabituelle ne manquera pas de surprendre le spectateur curieux, et, dans mon cas, ignare niveau animation produite au Royaume du Milieu.
Nezha est donc un personnage mythique, masculin dans le titre français, car il fallait bien choisir entre prince et princesse, mais au sexe indéterminé dans l’histoire originale. Pour la suite, je vais utiliser le féminin, suivant la décision de ma fille qui regardait avec moi. Et aussi comme c’est une actrice qui prête sa voix. Nezha, donc, est née toute formée, capable de marcher et parler comme un enfant de six ans. Et aussi de danser, de faire de la gymnastique acrobatique, de dompter les rennes pour les chevaucher, et de tabasser les méchants.
Li Jing, le roi et papa de Nezha, est bien embêté quand elle attire la foudre du dragon local. En effet, cette divinité maléfique n’a que faire des offrandes des citoyens. Ceux-ci jettent toutes sortes de mets raffinés à la mer pour que le dragon leur envoie un peu de pluie. Mais le dragon, lui, préfère manger les enfants. Quand Nezha rentre en force dans son palais sous-marin pour l’en empêcher, on sera sans doute surpris de voir Li Jing prendre le parti du dragon. Mais cela ne surprendrait pas le spectateur chinois, inculqué dans le respect de l’autorité (en l'occurrence, du divin). La rébellion de Nezha cause l’arrivée de calamités sur le royaume, et ce n’est pas avec le dos de la cuiller que les conséquences sont traitées. S’ensuit une scène franchement graphique que je ne discuterai pas ici pour ne pas spoiler, suffit de dire que de nos jours, ça ne passerait pas dans un film pour la jeunesse. Bref, il faudra peut-être couvrir les yeux des enfants, mais en fin de compte, les méchants se font rosser, comme quoi le respect de l’autorité a ses limites, Chine communiste ou pas.
Un film à voir pour son excellente qualité de production vu le contexte de sa sortie en 1979.