Elle est tout ce qu'il n'a jamais sur faire

Tout transfuge de classe sait que son passé viendra le hanter toute sa vie, et que les maux d’une enfance ne se sauvent ni à coup de liasses ni à coup d’estime. Celle de Sabri Lahlali (Roschdy Zem) s’est faite dans la pauvreté, dans une cité ou se juxtaposent pauvreté, délinquance, et authenticité. Devenu principal d’un collège relativement réputé, Sabri est davantage du genre à faire faire qu’à laisser faire. Il est au mieux touchant, préventif et anticipateur, et au pire insistant, dramatique, en un mot envahissant. A la confluence du patriarche aimant et du père de famille trop rigide, dont l’aventure avec son ex femme enseignante dans le même lycée que lui (Marina Hands), le principal va commettre l’irréparable, ce qu’il n’a jamais osé faire pour lui même, à savoir tricher. Démasqué avant d’être gracié par le rectorat, seul sa femme semble faire couperet pour lui, et qui incarne en une seule et même personne tous les échecs : elle est la femme qu’il n’a pas pu gardé, elle l’amie des enseignants alors que Sabri a des rapports conflictuels avec ces derniers, et enfin, elle est le parent qu’il n’a jamais été, si bien que son fils ne vive plus avec lui. Papa, je suis obligé de venir chez toi ? Sonne comme un terrible aveu de défaite pour un homme qui a donné la moitié de sa vie à l’Education, l’autre moitié à celle de son fils.