Marchand de nougat à Montélimar -que ses auteurs, assez peu poliment, considèrent comme une localité "ennuyeuse"- Noël Sarrazin est bourgeois cinquantenaire, célibataire et content de l'être. Cependant il tombe amoureux d'une jeune fille perdue qu'il recueille et épouse. Que peut-il advenir de cette union entre le printemps et l'automne?
Rien de très original ni de réaliste dès lors qu'un jeune séducteur fait son apparition. Fernandel, lui, fait un numéro à la fois d'amuseur méridional et d'homme entre deux âges touché par l'amour puis accablé par les réalités d'un couple mal assorti. C'est le syndrome de "La femme du boulanger" dans sa version bourgeoisie de province que met en scène Gilles Grangier. Le cinéaste accumule les conventions de son époque tant sur la forme que sur le fond. Il ne s'agit pas tant d'un vieux film que d'un film vieux.
Les personnages, et le premier d'entre eux en particulier, sont à ce point dépourvus d'authenticité humaine et psychologique qu'ils n'ont aucune crédibilité. C'est la "Qualité française" dans toute sa splendeur, qui prive le rôle de Fernandel d'une nécessaire sensibilité et de vérité. Sur le fond , le film se montre plutôt complaisant à l'égard de Sarrazin et, par ailleurs, vaguement misogyne. Sarrazin sort, lui, indemne de tout jugement malgré sa prétention déplacée à être le mari d'une gamine. On ne croit pas un seul instant au couple que forment Fernandel et Nicole Berger, au couple heureux de la lune de miel et encore moins à celui
reconstitué par le happy-end.