Robert Stroud, avait tué en 1909 deux personnes, et une fois en prison, supprima un gardien, ce qui fait qu'il resta en prison pour les 54 années à venir, jusqu'à son décès en 1963. Durant une vingtaine d'années, il put recueillir et s'occuper d'oiseaux dans sa cellule, ce qui contribua à le rendre plus pacifique, jusqu'à son transfert à Alcatraz où il ne peut s'occuper de ses volatiles.
De cette histoire assez folle, qui a été publiée dans un livre signé Thomas E. Gaddis, Hollywood en tira un film en 1962, alors que Stroud était encore en vie, et d'ailleurs n'a pas eu le droit d'avoir une projection. Il faut dire que la version qu'on en voit est largement romancée, faisant fi de sa psychopathie, et de sa supposée homosexualité, pour en faire quelque chose de touchant, magnifié par la prestation de Burt Lancaster.
Celui-ci joue Stroud sur plus de 50 ans, à l'aide de maquillages bluffants, et la découverte d'un oisillon blessé durant une ronde va le changer, en s'en occupant du mieux qu'il peut, et il peut avoir accès à du matériel pour le soigner. Puis, il va réussir à le dresser, et ça sera le cas des centaines d'oiseaux qui trouveront foyer dans les nombreuses cages en bois qu'il construisait dans sa petite cellule animée par les multiples piaillements.
Le choix de Lancaster, producteur tout-puissant, au point d'avoir viré le premier réalisateur après deux semaines de tournage, est d'avoir fait de ce type à la réputation sulfureuse quelqu'un d'humain, qui a au départ de violents accès de colère et qui va peu à peu se transformer. Et tout cela alors qu'il était en isolement total avec juste un gardien qui va devenir lui aussi compatissant.
Il y a comme une sorte de perfection avec cette image en noir et blanc signée Burnett Guffey, où on voit très bien l'enfermement mental et psychique de Stroud, qui a juste ces oiseaux comme échappatoire dans sa cellule de 12m².
On a également des tas d'acteurs formidables, comme Karl Malden en directeur de la prison, Telly Savalas (le futur Kojack, ici avec des cheveux), et les touchantes Thelma Ritter ainsi que Betty Field, cette dernière jouant une admiratrice des oiseaux, avec qui Stroud va se marier en prison. Relation d'ailleurs inventée pour le film.
D'ailleurs, l'histoire se poursuivra à Alcatraz, où Stroud ne pouvait plus être avec ses oiseaux, pour un tournant davantage orienté vers la sagesse d'un vieil homme enfermé dans ce qu'on appelait L'île aux oiseaux.
On a là une belle histoire, avec un Lancaster formidable, et aussi de l'amitié avec les relations entre les gardiens et le directeur, qui verront non plus Stroud comme un meurtrier, mais comme un humaniste. Ce qui est difficile à faire passer, mais c'est là la marque d'un film aussi formidable.