Stewart Granger figure avec Errol Flynn comme le plus fameux duelliste de l'histoire du cinéma à Hollywood. Je revois toujours avec un immense plaisir ce film tiré du roman célèbre d'Anthony Hope qui voit la prestigieuse réunion de Richard Thorpe, le réalisateur d' Ivanhoë, de Stewart Granger, l'interprète de Scaramouche, et de l'équipe technique et artistique soignée de la MGM sur la musique héroïque d'Alfred Newman. Sans compter le reste du casting extrêmement brillant, avec la délicieuse Deborah Kerr, Louis Calhern, Robert Coote, Jane Greer, Lewis Stone, et Robert Douglas, spécialiste des rôles perfides.
Beaucoup plus éclatant que la précédente version de 1937, le Prisonnier de Zenda est plus qu'un remake habile bénéficiant des possibilités d'un Technicolor flamboyant et de superbes décors, car il se transforme en prodigieux film d'aventure dans lequel le romanesque, l'humour et l'action se côtoient sans temps mort. Face à un Stewart Granger qui trouve un rôle à sa mesure, excellent dans le double rôle de l'Anglais Rodolphe Rassendyll et de son cousin royal, James Mason campe avec sa distinction britannique une fascinante figure de méchant mielleux prêt à sortir la dague et à toutes les perfidies selon ses intérêts ; son personnage de Rupert de Hentzau affiche pourtant une élégance aristocratique, et sa grande scène de duel final avec Granger reste un des morceaux d'anthologie du genre, même si un oeil exercé y voit des doublures (seuls les gros plans des 2 acteurs sont raccordés au montage). Ce joyau du film de cape et d'épée possède un charme et un panache dont le cinéma actuel semble avoir perdu le secret et auquel il est difficile de résister.