Le Privé
7.6
Le Privé

Film de Robert Altman (1973)

Le Privé fait partie de ces films qui ont le don de se bonifier dans la tête du spectateur immédiatement après la fin de la séance et cela est dû en grande partie à son ambiance particulière et à son personnage principal. Revival du Film Noir près de trente ans après l'âge d'or de ce dernier, le film de Altman fait revenir sur l'écran le personnage de Philipp Marlowe, auquel Humphrey Bogart prêta jadis ses traits. Elliott Gould est la surprise de ce film : très critiqué à l'époque, j'aime beaucoup ce qu'il fait du personnage de Marlowe avec son côté un peu gauche et cynique. Difficile de comprendre les critiques tant il semble proche de ce que pouvait faire transparaître Bogart dans ce côté désabusé, sa manière de déambuler comme si son corps ne voulait plus suivre. Et comme nous sommes en plein Nouvel Hollywood, ce personnage d'une autre époque va être confronté a un monde en pleine mutation, où il n'a clairement plus sa place, et où toutes les choses qui le faisaient tenir encore debout vont s'effondrer.


Au delà de ce portrait, l'intrigue est nettement moins convaincante. Si elle se suit avec plaisir au départ, elle s'embourbe un peu dans la seconde heure avec une volonté mal venue de la complexifier pour rien. Mais sans doute ce côté hermétique de l'histoire est il voulu pour nous mettre à la place de Marlowe qui n'a pas l'air de mieux comprendre que nous ce qui se déroule devant ses yeux. Dommage aussi que Sterling Hayden ne parvienne pas à retrouver le génie qui caractérisait ses prestations dans les précédentes décennies. Manifestement, le cannabis a sérieusement endommagé ses capacités et il se retrouve un peu trop souvent à cabotiner dans son rôle de vieil alcoolique. Le film est toutefois aidé par de nombreuses touches d'humour qui parviennent à être bien dosées et à ne jamais tomber dans le truc de petit malin.


Ainsi, il ne faut sans doute pas chercher ici un grand film de détective au sens strict mais plutôt un film pur produit du Nouvel Hollywood et de ses questionnements avec un personnage principal immédiatement attachant qui, pour malin qu'il se croit, va se retrouver plus ou moins manipuler ou trompé par tout ceux qu'il croise (et qui ont toujours une longueur d'avance sur lui), victime de sa naïveté au cours d'une enquête où tous ses derniers idéaux partiront en fumée. En ce sens, le titre original, The Long Goodbye, est on ne peut plus approprié.


http://www.bekindreview.fr/forum/critiques/topic6419-30.html#p829973

ValM
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le 1 févr. 2016

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