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Non pas que le documentaire soit inintéressant. Non pas qu'il soit mensonger. Non pas qu'il ne soit pas d'actualité. Non pas qu'il ne soulève pas un vrai problème. Non pas... Non, c'est juste du déjà...
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le 14 févr. 2015
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Ce film documentaire explore le monde actuel de la finance, pour mettre en évidence à quel point des pratiques légales (et banalisées), n’ont rien à voir avec la moralité. Heureusement, le propos va plus loin, parce que s’il ne s’agissait que de moralité, tout un chacun peut le vérifier au jour le jour dans ses relations avec les différents acteurs de notre société de consommation, avide notamment d’objets fonctionnant grâce aux technologies numériques (de nombreux plans insistent sur l’usage quasi hypnotique des téléphones portables, mini-ordinateurs qui permettent de suivre le consommateur à la trace). Le point fondamental, c’est que la situation actuelle peut nous mener à une catastrophe qui irait largement au-delà des crises qui ont agité le monde de la finance depuis maintenant environ un siècle.
Libre adaptation du livre La crise fiscale de Christine Alepin, ce film du canadien Harlod Crooks est constitué d’interviews de nombreuses personnes qui observent le monde de la finance d’un œil expert, plutôt de l’extérieur. On a également droit à quelques scènes très révélatrices filmées lors d’audiences au sénat américain, des multinationales étant mises en cause pour défaut de payement de l’impôt sur les sociétés. Des sociétés mondialement connues qui emploient des avocats et des experts financiers leur indiquant que faire de leurs confortables bénéfices, de façon à, le plus légalement du monde, minimiser l’impôt à payer sur ces revenus. Voilà où est l’absence de moralité. Et voilà également où passe notre argent (le vôtre, le mien, parce que vous comme moi utilisons les services de certaines de ces sociétés), parmi les actifs de personnes (dirigeants et spéculateurs) qui profitent parce que rien ne les en empêche. C’est quasi mécanique, pendant que les poches de certains se remplissent, les caisses des États se vident. La conséquence, c’est que les États cherchent à renflouer leurs caisses en augmentant les différents impôts. Et quand cela ne suffit plus, on brade les services publics pour gagner un peu de temps. Ce faisant, on mécontente encore davantage ceux qui en auraient le plus besoin et il est de moins en moins question d’État-providence. On est entré dans une société où les seules règles sont celles de la concurrence. Avis tout personnel, c’est le monde du récent film Les nouveaux sauvages de Damian Szafron…
Ici Le prix à payer c’est un ticket d’entrée dans une salle de cinéma et 1h33 de votre temps pour vous informer au lieu de vous distraire. Il est important de savoir que les pratiques du monde de la finance peuvent nous mener à la catastrophe. Sans audace formelle particulière, le film fait néanmoins œuvre pédagogique, ce qui est fondamental. Vous le savez aussi bien que moi, le niveau technique de ce qui se passe réellement est incompréhensible au non initié. Il est néanmoins évident que si on laisse des ordinateurs décider en une fraction de seconde d’acheter ou de vendre des actions, c’est qu’on a abandonné un pouvoir important à des techniciens dont il est difficile d’évaluer leur degré de maîtrise du système. On sait quand même depuis quelques années qu’un de ces techniciens peut, à lui seul, mettre une banque en situation de faillite potentielle.
On entre dans un domaine où les réflexions personnelles sont quasiment inévitables. D’ailleurs, le film invite des personnes connaissant bien le système financier mondial, à exprimer leur opinion en toute liberté. Les avis qui parsèment ce film sont unanimement alarmistes. Pourtant, la planète finance continue de tourner. Le film fait sentir différentes raisons à cela. Historiques (rôle de la city à Londres), politiques (lien avec le monde de la finance), humaines (les riches veulent le rester, voire augmenter leurs richesses), psychologiques (il faudrait privilégier l’intérêt général plutôt que l’intérêt individuel), techniques (une part énorme des échanges financiers se passe dans une sphère non situable géographiquement, comme quoi le clouding n’est pas spécifique à l’informatique) et juridiques (des réglementations nationales complètement caduques vis-à-vis de la mondialisation qui se joue des frontières).
Tout cela n’est pas simple et la conclusion plus théorique qu’autre chose. Il faudrait des règles planétaires de façon à obtenir une juridiction générale qui lutterait efficacement contre les sociétés offshore et les paradis fiscaux.
Un film hautement recommandable donc, même s’il est de parti pris. Attention, tous ces personnages très bien intentionnés qui se livrent à des réflexions sincères, ne sont pas des exclus du système. Peut-on se contenter de leur constat alarmiste ?
Bien entendu, le film invite à se remettre en question. Ce qui est fondamental, c’est que nous avons tous notre part de responsabilité, parce que nous faisons tous des choix. Il est vrai que, comme le dit un pompier américain, chacun n’a pas les moyens de ne faire que des choix en accord avec sa conscience profonde. C’est peut-être ainsi qu’il faut comprendre le titre. De quel prix est-il question ? Probablement celui que nous sommes prêts à payer pour vivre dans un monde ayant de l’avenir. Pas celui que nous propose le premier venu qui ne pense qu’à son intérêt. Si vous êtes sur SensCritique et si vous me lisez, on peut espérer que ce n’est pas par hasard. Pas plus que les réalisateurs je n’ai de solution miracle à vous proposer. Et les beaux parleurs et autres manipulateurs œuvrent également sur les réseaux sociaux. Restons vigilants individuellement (pour nous organiser intelligemment), de façon à ne pas entrer dans le jeu des cyniques de tous poils. Pour ne pas entrer dans un jeu qui ne nous convient pas, il faut déjà en connaître les règles.
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Créée
le 10 févr. 2015
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