Pourquoi n’arrivons-nous pas à régler les conflits ?

Avec son titre et son affiche qui se focalisent sur la femme, le film met l’accent sur la situation des femmes juives pour obtenir le divorce selon les règles du judaïsme. Du pain béni pour les féministes plus éprises de leur liberté que du bien-être de tous. Je suis, moi, surtout touché par le malheur du couple et des proches et par notre incapacité individuelle et collective à résoudre les conflits et à trouver la voie de la paix et du bonheur. Car ce couple en situation de divorce s'en remet à de nombreuses personnes pour trouver une solution : famille, amis, tribunal religieux composé de 3 rabbins. Rien n’y fait : La femme multiplie les demandes de divorce, toutes refusées par l’homme. L’issue finale est au goût amer, voire mortelle.
Le film peut donner quelques explications d’un tel échec à résoudre un conflit conjugal (cf. in fine). Au-delà de cette histoire de couple, qu’en est-il de notre capacité à régler les désaccords, les conflits entre personnes ou entre pays ?
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Pour compléter, voici, selon moi, quelques explications qu'on peut trouver dans le film sur les raisons de l'échec à résoudre le conflit :
- Tout le film se passe au tribunal, dans un lieu fermé. On est dans le jugement, dans la projection de ses croyances sur l’autre. On est dans un lieu enfermant, dans des règles religieuses peu compréhensibles, dans l’entêtement. Le final ressemble à une ambiance de bagne. La tête et le cœur de l’homme et de la femme sont aussi dans un enfermement. Or, le film montre que la vie cherche à s’exprimer de différentes manières, notamment dans le comportement de la femme qui parfois, d’une façon surprenante (on pourrait dire « hors-normes »), est seule à éclater d’un fou rire, se maquille, porte des tenues colorées. La vraie vie et la véritable solution ne sont pas dans le jugement mais ailleurs.
- L’incapacité à mettre des règles au service de l’Homme et de la vie et non l’inverse. Lorsqu’une règle ou l’application d’une règle étouffe la vie, voire la tue, elle est mauvaise.
- L’incapacité de communiquer sur les désaccords, de se relier à l’autre qui est différent. Incapacité de s’exprimer clairement, sincèrement et sans jugement, incapacité de dialoguer, de se dire, d’écouter l’autre, de se comprendre et de construire ensemble. Il est plus facile de rester focalisé sur son objectif, sur soi-même et de juger que d’essayer de comprendre et de trouver des solutions gagnant-gagnant.
- L’incapacité de construire l’avenir. On cherche dans le passé les motifs pour justifier le divorce ou pour fuir le passé. On est dans une situation bloquée sur le passé, mortifère.
- J’ajouterai aussi le fait que si le divorce est compliqué, rien ne semble avoir été préparé avant de se marier. Cela pose la question du sens et de la valeur du mariage puisqu’il est aussi une des causes du conflit.

Dominique_SC
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le 6 mars 2022

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Dominique_SC

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