Le Procès de Viviane Amsalem pourrait être l'archétype même du film pathos et très académique, en raison de son sujet brûlant d'une part, et d'une autre en raison de sa mise en scène en huis clos. Heureusement il n'en n'est rien.
Bien au-delà d'un banal festival de joutes verbales, bien que cela soit également un plus accordé au film, ce dernier demeure surtout très puissant en terme d'imposition grâce aux acteurs et à la mise en scène. Si Le Procès de Viviane Amsalem est un film dénonciateur, c'est parce qu'il le fait justement très bien. Le parti pris du film qui tend à enfermer le spectateur au même titre que l'épouse Amsalem (incarnée par la formidable Ronit Elkabetz), dans sa demande de divorce qui n'en finit pas et se transforme progressivement en torpeur, ce parti pris s'avère payant puisque c'est de manière intrinsèque que l'on vit le long-métrage. Nos émotions se retrouvent vite exacerbées face à ce ridicule tribunal (le film joue énormément sur le côté burlesque et ironique), et face aussi à cette procédure improbable à travers laquelle on nous dépeint l'inégalité qui règne entre homme et femme en Israël.
L'enfermement du personnage se répercute sur le spectateur, et c'est de cette manière que l'on prend part au procès. Quant au discours féministe, il est effectivement très présent sans être moralisateur, il est présenté comme une chose nécessaire et logique dans une société où règne l'obscurantisme religieux.
Mais finalement, même si le discours importe beaucoup dans le film, ce qui rend ce dernier passionnant et très savoureux, c'est surtout sa mise en scène et les performances d'acteurs. C'est une vraie leçon de cinéma qui s'impose à nous, car d'une part les décors ne tiennent qu'à une salle d'audience miteuse et à un couloir très sommaire. Voilà le décor dans lequel un nombre restreint d'acteurs doivent donner de la voix, et quelles voix ! Les dialogues sont formidables, à la fois saisissant de froideur et aussi très représentatifs. Mais on rit également car le film ne manque jamais de souligner au marqueur toute la bêtise de ces lois archaïques face aux désirs bien modernes d'une femme qui ne cherche finalement qu'à vivre. C'est dans cette opposition constante des dogmes religieux totalement surannés face à une société qui évolue et change, que le film puise une véritable force de proposition, à l'image et pas seulement.
Loin d'un banal film moralisateur vaguement représentatif, Le Procès de Viviane Amsalem est au contraire incisif et formidablement mis en scène.