Une mise-en-scène originale et efficace, à l'origine du mouvement "found footage"
"Le Projet Blair Witch" est un film de série B d'horreur qui se révèle étonnamment efficace grâce à sa mise en scène et son aspect de faux-documentaire tourné avec une caméra amateur. Le spectateur est terrorisé alors que la sorcière du film n'apparaît pas un seul instant. Ce film nerveux nous submerge dans la terreur, le suspense et l'angoisse grâce à des méthodes techniques novatrices et mémorables.
Le DVD du "Projet Blair Witch" m'a été offert pour mon anniversaire. J'avais envie de voir ce film dont j'avais déjà entendu parler: un film d'horreur tourné avec une caméra amateur, qui a gagné le Prix de la jeunesse à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, qui foutait apparemment les jetons. Je connaissait aussi la seule célèbre image du film, à savoir l'image d'une jeune femme en bonnet pleurant et je savais également que le film se trouvait dans le guide "1001 films à voir avant de mourir"... une référence incontournable quoi. J'ai su voir le film un mois après l'avoir reçu, alors que je mourrais d'impatience de le visionner. Et le résultat s'est avéré magique !
J'avais déjà vu "Paranormal Activity" au look novateur. Les critiques et les gens qualifiaient ce film de "plus terrifiant de tous les temps". J'avoue avoir été déçu quand je l'ai vu pour la première fois: du suspense, il est vrai, mais rien de très affolant, ni même de terrifiant. C'est pour cela que, quand j'ai vu "Le Projet Blair Witch", je ne pouvais pas m'empêcher, malgré mon enthousiasme, de craindre que le film soit aussi ennuyeux que "Paranormal Activity". Mais mes craintes se sont révélées veines...
"Le Projet Blair Witch" est une merveille. Bien avant "Paranormal Activity", "Rec", "Quarantine" ou encore "Cloverfield", les réalisateurs belges avaient déjà donné naissance à une nouvelle technique pour tourner un film d'horreur: le found footage. Le principe est très simple : les acteurs du film sont aussi les caméramen, qui tournent leurs exploits avec une petite caméra amateur comme s'il s'agissait d'un documentaire. Ainsi, pas besoin d'avoir une qualité image parfaite, ni des mouvements de caméras théoriques, non!
Ici, la caméra bouge dans tous les sens, quitte à nous foutre la migraine, on voit des images complètement floues, on se demande ce qu'on voit, on s'énerve à force de ne rien voir ou de mal voir et c'est ainsi que le film trouve son expressivité.
"Le Projet Blair Witch" est, dans le scénario, un documentaire tourné par trois jeunes réalisateurs qui cherchent à faire le point sur la légende d'une certaine sorcière de Blair qui hanterait les bois près d'une petite ville des Etats-Unis. Les images que l'on voit sont soi-disant les vidéos, tournées lors de ce reportage, qui ont été retrouvées alors que les trois réalisateurs sont portés disparus!
Il faut le reconnaître, "Le Projet Blair Witch" n'est qu'une simple série B comprenant dans son scénario beaucoup de thèmes classiques au cinéma d'horreur. Mais il faut reconnaître l'efficacité des réalisateurs dans leur scénario à première vue simple. Le début du film est une succession d'images sans grand intérêt qui nous expliquent l'essentiel sur les personnages et sur la légende de la sorcière de Blair. On a droit à des témoignages des habitants du coin, des explications concernant les sorcières qui étaient brûlées vives au Moyen Age, des images d'un cimetière et des scènes anodines où les trois cinéastes-reporters s'amusent sans se douter de ce qui les attend dans la forêt de Blair.
C'est dans celle-ci que tout bascule: les trois amis commencent par se perdre, faute de ne pas savoir lire la carte. Ils tombent sur des lieux de sortilèges étranges où des tas de petits cailloux sont disposés un peu partout. La nuit, lorsqu'ils campent, ils entendent des bruits bizarres, comme des cailloux qui s'entrechoquent. Puis au fil du temps qu'ils progressent dans cette forêt, qu'ils tournent en rond, la présence démoniaque des sorcières (que l'on ne voit pourtant pas un seul instant) se fait de plus en plus omniprésente : ils découvrent d'autres lieux de cultes et, chaque nuit, un événement toujours plus affolant que le précédent se manifeste, jusqu'à ce que l'un d'eux disparaisse.
Le spectateur reste plaqué contre son siège, tendant l'oreille et scrutant attentivement chaque recoin flou du paysage. La tension monte également pendant les scènes de jour, où les trois réalisateurs, terrorisés par les événements et énervés de tourner en rond, commencent à se disputer de façon ultra réaliste, à gueuler très fort et à s'envoyer des injures, tout ça quand ils n'essayent pas de communiquer et d'agir en êtres humains. Le spectateur est tenu en haleine du début jusqu'à la fin, là où les deux réalisateurs restants courent dans une maison abandonnée, à la recherche de leur troisième comparse dont ils entendent les cris d'horreur.
Le film suscite la terreur et l'angoisse auprès des spectateurs à travers des scènes habilement tournées et des techniques de suspense novatrice qui font succès. Le film est pour ainsi dire plus que mémorable. C'est une véritable aventure qui exploite le thème du comportement de survie humain. Enfin, "Le Projet Blair Witch" a beau n'être qu'un petit film d'horreur de moins d'une heure et demie, il parvient néanmoins à renouveler le genre du film d'horreur par des méthodes révolutionnaire de plus en plus utilisées de nos jours!
(Rédigé en février 2011)