Ce matin, je suis décidée, j'irais voir Le Prophète avant que le cinéma n'arrête sa diffusion. Un bref coup d’œil sur les noms écrits sous le titre me confirme mon choix et me voilà partie.


J'en sors quelque peu mitigée (mais ça m'arrive beaucoup en ce moment). Le Prophète de Gibran est une œuvre assez particulière, je conseille d'y jeter un coup d’œil avant de voir cette adaptation pour se donner une idée. le livre est un enchaînement de petites histoires façon bible/philosophie de chevet, certaines sont très jolies, d'autres moins attirantes, le tout parfois répétitif. Donc ici pour en faire une histoire il fallait rajouter des personnages: une petite fille muette, sa mère un peu légère, notre prophète Mustapha et une foule de villageois. Mustapha, confiné depuis plusieurs années dans une maison que Kamila entretient, est un jour libéré et sur le chemin le menant au bateau qui le ramènera chez lui il rencontre tour à tour tous les habitants et en profite pour leur dispenser quelques leçons de vie.


Niveau visuel c'est au rendez-vous mais rempli de petites failles. D'une part les paysages, quand on est dans la 'trame principale' disons, sont magnifiquement faits façon peinture d'aquarelle mais contrastent trop avec le rendu des personnages trop opaque et les deux ne s'accordent pas. Puis les petites leçons mises en scène par des artistes de renoms: Joann Sfar, Les frères Brizzi, Nina Paley, pour n'en citer que quelques-uns, sont très réussis tout en étant bien choisies en lien avec la trame. Mais voilà c'est un peu le bordel. Chaque scénette philosophique se suffit à elle-même mais le tout ensemble donne lieu à un vrai bordel de couleurs, de style, d'idée (et en plus certaines sont en musique). Enfin bref, c'est beau mais on y perd la rétine.


Niveau histoire rien de bien fou si ce n'est que Mustapha s'arrête (ou se fait arrêter par un villageois) tous les trois pas. Au bout d'un moment tu as envie de lui dire de continuer à marcher franchement. Le rythme est lent et compensé par les couleurs qui se veulent toujours joyeuses et dynamiques. La séance était en anglais st.fr. La voix d'endormi de Liam Neeson se prête assez bien au cadre du prophète, pas vraiment beaucoup d''expression, mais ne colle pas avec celui trop enfantin de la mère et sa fille. D'ailleurs je cerne mal pourquoi c'est une enfant qui conduit le récit, je vois mal comment un enfant dans la salle aurait pu comprendre le propos philosophique du film alors est-ce un dessin animé pour enfant? Pour adulte? Justement le film ne tranche pas. Trop adulte pour les enfants, trop de touche gamine pour les adultes.


Au final l'ensemble fait très brouillon, comme un grand collage de plein de talent qu'on aurait mis ensemble en se disant que ça irait. Je garde quand même un coup de cœur pour la scénette du mariage (qui de base est une des rares leçons du livre que j'aime énormément) et que Sfar a merveilleusement animé. Je le conseille à quelqu'un qui aimerait soit découvrir un peu Gibran ou bien les contextes philosophiques.

beuteurflaie
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le 13 janv. 2016

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Manon C.

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