Survivre dans un monde hostile.
On est en 1938 quand la 3ème collaboration entre Jacques Prevert et Marcel Carné voit le jour, après Jenny et Drôle de Dame. C'est dans cette période d'avant guerre que Quai de Brumes essaye, avec beaucoup de difficulté, à prendre sa place et à se faire reconnaitre. Après une censure en Allemagne, le jeune Carné se retrouve devant l'opposition du régime de Vichy. Il faut dire que notre Jean Gabin en déserteur ne s'accorde pas avec le fameux « Travail, Famille, Patrie » de Petain, alors le jeune Carné doit faire face à une seconde censure. Il était à l'époque pas question de mettre en avant un homme reniant sa patrie.
Pourtant, doucement, le film arrive à sortir de l'ombre et à se faire un nom.

Plonger dans un profond pessimisme.
Le havre est presque présenté comme un univers hostile. Nébuleux, désert, triste. Un décor à l'image de nos deux amoureux, seuls et malheureux. Les rares scènes où on a l'occasion de les voir au milieu d'une foule, ils ont l'air plus seuls que jamais. Quelle pire solitude que celle que l'on ressent quand on est entouré. Ils semblent en constant décalage avec le monde. Ils n'attendant plus rien des autres. Quand une lueur d'espoir jaillit, elle s'éteint aussitôt. Alors qu'ils arrivent à gouter le goût au bonheur, leur histoire est vouée à l'échec. Un amour impossible, caché. Cet isolement est également très présent pour tous les autres personnages qui s'enferment dans l'alcool, dans leur jalousie...
La BO parfois lente et pesante ne fait qu'augmenter ce sentiment de désespoir.

Quand la poésie s'épanouit dans la dure réalité.
M.Carné et J.Prevert arrivent avec justesse à accorder la poésie avec la cruauté du monde réel. Quand on a une ambiance sombre et glauque, les dialogues jouent parfaitement le contraste avec un coté juste, émouvant et parfois décalé. C'est beau et à la fois dure. Un peu comme pourrait l'être Jean, un fuyard qui peut passer en l'espace d'un instant à l'affrontement ou qui va passer du romantisme au meurtre.

Une jolie découverte.
Amethyste
7
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le 12 févr. 2012

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Amethyste

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