Le port des soupirs

Le peintre - J'ai rêvé que...
Gabin - Bah rêve pas debout tu risques de tomber !

Ca résume déjà pas mal le film je trouve. J'ai vraiment ressentis un sentiment particulier durant le visionnage de ce film. C'est un peu comme si j'avais basculé dans un mode onirique sombre et poétique, mais que l'histoire qui se joue devant mes yeux était commentée par un ivrogne qui se marre. Je crois que ça doit être le réalisme poétique dans toute sa splendeur.
Les dialogues sont magnifiques mais surtout sont d'une profondeur abyssale, au sens imagé du terme. Chaque réplique est édifiante à la fois de simplicité mais aussi de justesse, elle sillonne l'air et frappe juste si bien qu'elles vous reste en mémoire sans trop savoir pourquoi.

Gabin c'est une voix et un corps m'a dit un jour quelqu'un. Mais je crois que c'est aussi un esprit aiguisé, qui saisit les parcelles les plus enfouies de l'âme des hommes et qui déverse un jeu brut sans faux-semblant avec la volonté de séduire celui ou celle qui le regarde. Il aime d'amour son personnage et veut qu'il en soit de même pour nous.

Finalement je crois que j'ai apprécié le film d'abord parce qu'il m'a marqué, fait réfléchir et puis aussi et surtout parce qu'il a su me toucher sans artifice. J'ai largement préféré la première partie du film, j'ai du mal avec la relation qu'il crée avec la fille, non pas qu'elle soit fausse mais je la trouve beaucoup moins puissante et féconde que son errance. Et puis le film est vieux est le rêve qui est conté ici parait bien désuet face à la force visuelle que peut avoir aujourd'hui un film avec la technique.

Elle sans armes cette vielle pellicule où un homme marche dans le port du Havre, elle a comme seul ami les sages paroles d'un ivrogne.