Exercice cinéphilique qui n'a d'intérêt que pour les historiens amateurs de vieilleries dépoussiérées (c'est le sixième film de John Ford mais le plus vieux qui ne soit pas perdu, à ce jour) ou pour les Fordiens complétistes, il me semble. On est à l'aube du cinéma au format long, le western est un genre capital, et le tout jeune Ford (alors présenté comme Jack) tout juste âgé de 22 ans réalise ce film ni passionnant ni détestable, simplement peu intéressant a posteriori. L'histoire aborde un thème important de l'époque observée, l'opposition entre les fermiers nouveaux colons désireux de s'installer où ils le souhaitent et les riches éleveurs qui clôturent ces grands espaces et s'approprient ce qui est considéré comme un bien commun — symbolisé dans le film par un point d'eau. On peut noter l'originalité de la démarche au travers de l'association des "gentils" avec des hors-la-loi pour venir à bout des garants de la clôture, marque d'un brouillage de la frontière entre le bien et le mal assez précoce en 1917. À titre personnel je ne trouve rien d'émouvant à se plonger dans la carrière la plus antédiluvienne de Ford, mais cela n'empêche pas d'apprécier la mise en scène de certains paysages, un travail évident sur la photographie, et quelques motifs qui reviendront par la suite (le sacro-saint plan filmé de l'intérieur à travers une porte qu'il reprendra dans "The Searchers") avec en toile de fond une histoire amoureuse écrite avec une naïveté vraiment très important.
(Une pensée pour le figurant qui a failli se faire écraser par une horde de chevaux dans l'une des dernières séquences, qui était censé être mort dans le film mais qui s'est décalé au dernier moment...)