Le ranch Davolo est l’un des premiers westerns de ''Jack'' Ford, et montre encore une très forte influence de David W. Griffith (il a travaillé et apparaît dans The Battle at Elderbush Gulsh) : le siège de la maison ne peut que faire penser à la chevauchée du KKK dans La naissance d’une Nation. Pourtant on retrouve déjà une qualité d’image et de mise en scène qui le pousseront au sommet. On retrouve aussi de nombreux thème et séquences précurseurs de son cinéma et du western en général : une manière de lier les personnages et le décor, des héros subversifs, des plans (une esquisse des célèbres plan de début et de fin de La prisonnière du désert, et celui près de la tombe).
Déjà aussi, il ne vire pas vers l’action pour l’action : des pauses régulières permettent au spectateur de souffler et de réfléchir, même si le climax est une pure merveille de scène de bataille. Il pose méthodiquement son histoire : le thème récurrent des éleveurs contre les fermiers, du riche propriétaire terrien cupide et ambitieux, une histoire d’amour compromise entre une fermière et un cow-boy, un malfrat qui veut se repentir. Ford prend le parti des fermiers contre le propriétaire, de la famille contre la cupidité, sans aucun côté trop moralisateur. Pourtant, la fin est un peu décevante. A mon avis, la fin originelle était plus intéressante : le cow-boy malfrat renonce à sa fiancée, la laisse à son premier amour et surtout retourne à sa condition première, celle de paria. Mais la version de 1926 coupe la fin et reste sur une ‘’happy end’’ un peu forcée : l’embrassade entre les deux fiancés.
Néanmoins, même si Le ranch Davolo est loin d’être un ‘’grand’’ western, il est certainement très plaisant à voir et un digne commencement à la sublime carrière de John Ford.