Ken Russell est un foufou comme il y en a peu, espèce rare de vieux keupon sataniste lubrique. Le Repaire du Ver Blanc fait partie de sa fin de carrière, alors qu’il est de retour dans son Angleterre natale. Peut-être pas la meilleure période. Le récit que nous suivons est une libre adaptation du roman de Bram Stocker. Quelque part en dans une campagne bucolique, des gens disparaissent. Depuis fort longtemps, il y a une légende qui se transmet de génération en génération. Un immense serpent, divinité ancienne vivrait dans le secteur, dans les profondeurs de la terre. La famille du jeune Lord D’ampton combat ce monstre depuis toujours. Parallèlement, une étrange comtesse à l’appétit sexuel certain vit dans un manoir proche. Nous sommes dans un pur univers gothique anglais qui rappelle dans la construction du récit et dans les personnages le meilleur des productions de la Hammer. La touche de Russell est cependant évidente, à la fois dans les thématiques évoquées (le culte hérétique ou païen) et dans l’approche visuelle. Car c’est là que se situe la force d’un film par ailleurs inégal. Les représentations des cauchemars sont totalement psychédéliques à la sauce eighties grâce à l’utilisation du chroma key. C’est foutraque et irrévérencieux comme il faut et donc assez jouissif. On aimera aussi les effets spéciaux à l’ancienne. On regrettera quand même un rythme mal maîtrisé, une interprétation moyenne malgré la présence assez drôle d’un jeune Hugh Grant. Tout ça donne l’impression d’un projet mal fini. A noter également que la VF est assez désastreuse et qu’il vaut donc mieux s’en passer. Pour conclure, quelques fulgurances qui justifient le visionnage pour qui aime cet univers mais ça ne suffit pas à convaincre pleinement.