Ce film tardif de Christian-Jaque n'appartient pas à la partie la plus brillante de sa filmographie, et se trouve prisonnier à mes yeux du caractère "adaptation d'une pièce de théâtre" (une pièce de Vahé Katcha écrite en 1960 et mise en scène par Julien Sibre qui a trouvé un second souffle en 2010) qui transparaît dans chaque seconde du long métrage, avec son huis clos, son côté boulevard très traditionnel, ses personnages stéréotypés, ses conflits attendus. Il m'est extrêmement difficile de ne pas y penser pendant 1h40, au point que ça en gâche le contenu. Un contenu très programmatique qui plus est dans l'exécution de sa besogne : montrer le comportement des hommes face au danger et en proie à une peur viscérale.
Le décor est celui d'un appartement sous l'Occupation, avec des amis réunis pour célébrer un anniversaire. L'humeur est détendue, l'ambiance est à la blague malgré l'homme qui vient d'être caché dans une pièce en-dessous, on se vante de différents produits trouvés au marché noir... jusqu'à ce que patatras tout tombe par terre suite à l'assassinat de deux officiers nazis dans la rue adjacente. Pas de bol. Le capitaine SS en chef boucle le coin et exige la constitution d'un groupe d'otages à raison de 2 par appartement pour les exécuter si les coupables ne se dénoncent pas. Le dilemme est posé : qui seront les deux personnes parmi la troupe de 7 convives opportunément disparate ?
On voit assez bien où le scénario veut nous emmener. Dans ce climat oppressant par excellence sous la menace nazie, forcément la bassesse des uns et la médiocrité des autres vont se développer à grande vitesse, alimentées par la peur de l'inconnu et de la mort. Et le cortège de personnages de rivaliser d'énergie dans le rôle qui leur est confié, avec le médecin, le commerçant opportuniste, le philosophe, la demeurée, l'aveugle, la veuve et le maître des lieux un peu veule. On peut dire que la peur de la mort n'est pas vraiment palpable, les enjeux restent à un niveau très superficiel, principalement à cause de cette mise en scène théâtrale. Le thème fait penser à "Marie-Octobre" de Duvivier 6 ans avant, et se contente de montrer des collabos opportuniste (Francis Blanche en fait des tonnes), des résistants un peu mous, et une couardise générale peu engageante. Antonella Lualdi est le seul personnage qui semble présenter un début d’intérêt non exploité, seul personnage féminin face à l’autre caricature d’écervelée.