Pendant l'Occupation, une poignée de convives se met à table en toute insouciance pour fêter l'anniversaire de l'une d'entre eux. Mais la tragédie du temps, qu'ils ignorent et avec laquelle ils s'accommodent les uns et les autres, va se rappeler à eux.
Je ne connais pas la pièce de théâtre de Vahé Katcha dont est tiré le film mais elle semble cruelle pour le genre humain. Au-delà de quelques considérations sur des comportements franchouillards de l'époque, relativement à la complaisance avec l'occupant, à l'adhésion pétainiste ou au marché noir, le sujet place les sept convives dans une posture morale intenable qui révèle, pour certains, l'ambivalence au minimum, et pour d'autres la veulerie la plus abjecte. La nature humaine, ni plus ni moins.
Pour autant, plus on avance dans le film de Christian-Jaque et dans ce huis-clos théâtral, plus se dessine une caricature épaisse et redondante, notamment à travers le personnage particulièrement gratiné de Francis Blanche ou celui du médecin, lesquels accumulent les attitudes odieuses. Je préfère à ces portraits outranciers la belle métaphore du réprouvé -le fourreur juif à peine entrevu- qui parait donner du sujet de Vahé Katcha une idée plus subtile.
Se peut-il que Christian-Jaque et son dialoguiste Henri Jeanson aient forcé la trait? Se peut-il qu'ils aient affubler l'officier allemand, ce nazi dont la cruauté gratuite introduit la question morale qui hante le film, de ce rictus inutile et grotesque?
Le film devient trop évident et lisible.
On y trouve une vraie noirceur concernant la nature humaine mais j'aurais bien aimé voir ce qu'un Clouzot en aurait fait. Et en y ajoutant l'espèce sociale des personnages, qui sait ce qu'aurait imaginer un Luis Bunuel? Simple extrapolation.
C'est juste pour dire qu'en l'état, l'adaptation de Christian-Jaque et le casting pas très homogène sont par moments indigestes.