Un excellent film, aujourd'hui malheureusement tombé dans l'oubli, sur la lâcheté ordinaire.
Sous l'Occupation allemande, Christian-Jaque nous invite à la table d'un groupe d' « amis » dont la petite sauterie va être perturbée par la visite d'un SS sadique demandant, sur des fondements totalement arbitraires, la désignation de deux otages à fusiller en représailles d'un attentat.
A mesure que les diverses solutions d'échappatoire s'épuisent, et que l'horloge tourne, chacun va révéler sa vraie personnalité au grand jour. Et ce n'est pas bien glorieux... mais très croustillant.
Entre collaborationnisme franchement avoué et résistance (très) sommeillante, rarement la couardise n'aura été si bien retranscrite.
Les dialogues, signés Henri Jeanson, sont du caviar et le ton très théâtrale de la mise en scène de ce huis-clos cinglant permet une immersion parfaite au cœur de l'action (ou plutôt de la non action).
Côté casting, Francis Blanche incarne à merveille la petitesse à travers ce personnage de « Tonton », un monstre d'égoïsme et de lâcheté, prêt à vendre père et mère (et nièce) pour sauver sa peau. Le reste de la tablée est également à la hauteur, mention pour Claude Rich, en philosophe nihiliste, et Claude Nicot, Résistant de foire frappé de sévères crises de mythomanie.
Un film qui dissèque les comportements de cette période sans aucun complexe et place astucieusement le dilemme au cœur de l'intrigue.
En fouillant un peu, on arrive à retrouver quelques pépites de ce genre dans le grenier du cinéma français.