Disons-le tout net, ce "Retour", premier film et aussi premier film russe notable depuis belle lurette, est un choc esthétique et émotionnel : un film d'une simplicité biblique qui nous tient en haleine de bout en bout sans utiliser les ressorts habituels du cinéma de genre, mais aussi une immersion vaguement inquiétante dans un monde naturel où l'on perd ses repères (et son père !)... L'incroyable densité émotionnelle, la maîtrise formelle (peut-être d'ailleurs un peu excessive, puisqu'elle glace légèrement le film), le sens de l'épure et la dramaturgie sophistiquée sont mises au service d'une épreuve initiatique - voire mythologique - où l'énigme s'approfondit peu à peu en mystère. Sur les traces d'un Antonioni qu'il dit vénérer, Zviaguintsev a réalisé pour son coup d'essai un coup de maître. [Critique écrite en 2004]