"Le retour de Don Camillo" est la suite directe de "Le petit monde de Don Camillo". Nous retrouvons donc bel et bien le curé de choc exilé dans une autre paroisse, puni pour ses frasques percutantes, considérées comme étant indignes d’un homme de foi par sa hiérarchie.
Julien Duvivier est de nouveau à la baguette (scénario et réalisation), aussi nous retrouvons toutes les recettes qui ont fait le succès de l’entame de la saga. Sauf que cette fois, ainsi que nous nous y attendions, Don Camillo et Peppone ont été séparés comme on sépare deux gamins qui se disputent. Mais alors, comment les faire cohabiter de nouveau à l'écran ? Duvivier a plus d'un tour dans son sac.
Finalement, maintenant que nous connaissons mieux ces deux personnages, nous savons que tout oppose ces hommes enclins à se faire les pires vacheries, alors qu’au fond un inavouable et immense respect mutuel les anime, mais pas seulement : la fierté n'a pas épargné les deux hommes, loin s'en faut ! La preuve, pour les deux personnages reconnaître de s’apprécier l'un l'autre ferait désordre devant certaines personnes et serait contradictoire avec leurs propres convictions. On soupçonnerait même presque que ça les arrange afin de continuer à en découdre à chaque occasion qui se présente. Presque ? J'en suis sûr !
Mais voilà : ils sont chacun de leur côté et s’ennuient. Aussi le moindre prétexte est bon pour faire revenir le curé de choc au village. Devant sa notoriété accordée par la population, tout est fait pour faire diversion afin d'éviter tout triomphalisme dans le retour de Don Camillo. Je vous laisse deviner la réponse de Don Camillo : elle sera frappante.
Ainsi le duo mémorable est réuni à l'écran pour le plus grand bonheur de tous (y compris des acteurs), et nous voilà repartis pour une série de joutes verbales aux répliques cultes, argumentées ici et là de mimiques voulant tout dire, sans oublier les coups bas dont seuls le maire et l'ecclésiastique ont le secret.
Julien Duvivier nous sert à nouveau une belle réussite cinématographique, à la hauteur de l’épisode précédent, l’effet de surprise en moins. C’est frais, léger, drôle, pas vulgaire, et tendre. Que demander de plus ?